L’auteur invité est Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint à Alternatives Economiques.
L’endettement public américain prend une ¬ampleur inquiétante. Et les conflits politiques à ce sujet vont être violents.
Les Etats-Unis risquent-ils à leur tour de connaître une crise de la dette publique ? Une première inquiétude de moyen terme concerne un risque de dégradation de la note des Etats-Unis par les agences de notation. Ils perdraient alors le fameux AAA signalant une dette sans risque. Le ratio de la dette sur le produit intérieur brut (PIB) approche les 95 % outre-Atlantique et devrait encore monter dans les prochaines années. Un niveau historiquement élevé, mais qui reste gérable.
Toutefois, les agences de notation suivent surtout la proportion des recettes budgétaires qui doit être consacrée aux intérêts. Selon les projections du Congressional Budget Office, ce ratio pourrait dépasser 10 % en 2013, un seuil considéré comme critique. Si l’on se concentre sur la seule dette de l’Etat central (hors Etats fédérés), les agences considèrent que la situation commencerait à se tendre pour les Etats-Unis au-dessus de 14 % et entraînerait une dégradation de la note à partir de 18 %. Si les taux d’intérêt montent plus vite dans les prochaines années que les mesures de réduction du déficit budgétaire, le poids des intérêts pourrait prendre une ampleur inquiétante. Et les investisseurs étrangers, qui détiennent environ la moitié de la dette, seraient incités à réduire leurs achats de titres américains. Ce qui aurait pour conséquences de faire plonger le dollar et la croissance aux Etats-Unis et dans le reste du monde.
Incertitudes
A cette incertitude de moyen terme, s’en ajoute une de court terme. Le gouvernement américain doit respecter un plafond de dette fixé par le Congrès. Or, le niveau des déficits fait que le plafond actuel de 14 300 milliards de dollars devrait être dépassé vers le mois d’avril. Il faudra donc que d’ici là le gouvernement s’entende avec l’opposition républicaine, qui contrôle désormais la Chambre des représentants. En échange de son accord, elle réclame des coupes dans les dépenses, notamment sociales.
Le président Obama se retrouve ainsi dans la même situation que Bill Clinton en 1995-1996. Un épisode qui avait montré que le secrétaire au Trésor peut recourir à certaines astuces pour gagner quelques semaines en attendant un compromis. En 1996, les républicains avaient finalement lâché prise. Mais la radicalité actuelle du parti rend l’issue plus incertaine aujourd’hui.
Ce texte est tiré du site Internet d’Alternatives Economiques
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