Le prix du baril de pétrole monte et avec lui les profits des pétrolières. Après avoir atteint un creux à 38 $ le baril en janvier 2009, dans la foulée de la déconfiture économique et financière de la Grande Récession, le prix a frôlé les 100 $ du marché spot de Londres la semaine dernière. Il se maintien maintenant autour de 90 $.
On peut voir dans le tableau plus bas que si leurs profits annuels (en milliards $) ne sont pas encore revenus aux beaux jours d’avant la crise, ils connaissent une embellie qui ne devrait pas s’arrêter de si tôt…à moins qu’ils nous provoquent une autre crise économique. À elles seules, les cinq plus grandes pétrolières ont siphonné près de 1 000 milliards $ en profits pour la décennie que nous venons de passer. Ce n’est pas leur chiffre d’affaire, c’est leur revenu net, avec lequel elles peuvent corrompre à profusion et lancer de vastes campagnes de négation des changements climatiques.
Prenons la plus grosse d’entre elles : Exxon. Son chiffre d’affaires s’est établi à $105,2 milliards en 2010 alors qu’il était de $89,8 milliards en 2009. Les dépenses d’investissement du groupe ont atteint le record de $32,2 milliards. Grâce à un taux d’imposition moins élevé et une hausse de la production du gaz naturel aux États-Unis et au Qatar, ses bénéfices ont grimpé de 53 % au quatrième trimestre de 2010.
Pourtant, non satisfaite de cette manne qui les engraisse de manière indécente, les pétrolières s’opposent avec acharnement à la volonté de l’administration Obama de développer un programme de 4 milliards $ dans les technologies vertes, programme qu’il veut financer en mettant fin à un avantage fiscal pour les pétrolière mis en place par le président Bush en 2004. C’est une somme ridicule en comparaison de leurs profits. Mais la cupidité et l’arrogance des pétrolière n’a aucune limite. Près de 80 des profits de la firme Exxon, en 2008, ont été utilisés pour racheter les propres actions de l’entreprise, de manière à augmenter artificiellement les gains en capital de leurs dirigeants. La même année, elle investissait moins de 1 % de leurs profits dans les technologies propres.
La Chine, le Brésil, le Venezuela ont nationalisé en tout ou en partie les entreprises actives dans le secteur de l’énergie. Bien sûr, cela n’empêche pas ces pays de poursuivre des politiques énergétiques insoutenables. Mais en Norvège le gouvernement détient les deux-tiers des actions du géant pétrolier national, StatoilHydro, ce qui ne l’a pas empêché « d’opter pour un développement contrôlé et modéré de cette industrie. […] désirait également protéger l’environnement et le secteur des pêches, qui représente une activité économique très importante pour les régions côtières du pays. » (Extrait du livre de Normand Mousseau)
Ne serait-ce pas un geste salvateur, d’un point de vue démocratique et écologique, de briser le pouvoir économique de ces entreprises hautement corruptrices pour les soumettre au contrôle démocratique de la population ? D’autant plus que la hausse prévisible du prix du pétrole devrait leur donner, dans un futur rapproché, un pouvoir qui m’apparaît tout simplement intolérable.
[...] un billet publié la semaine dernière, je soulignais l’évolution tout à fait indécente des profits des entreprises du secteur du [...]