En décembre, 659 700 personnes ont reçu des prestations ordinaires d’assurance-emploi, en baisse de 9 400 (-1,4 %) par rapport à novembre. Il s’agit d’un troisième recul mensuel consécutif qui s’est généralisé dans toutes les provinces. Par contre, le nombre de demandes initiales et renouvelées reçues en décembre s’est établi à 249 000, en légère hausse de 970 (+0,4 %) par rapport au mois précédent.
Au Québec, le nombre de demandes a connu une hausse de 3 500 (+4,9 %) en décembre, laquelle a effacé une grande partie de la baisse affichée en novembre. En Ontario, le nombre de demandes a augmenté de 970 (+1,2 %), ce qui représente une troisième hausse mensuelle d’affilée. Dans les autres provinces, le nombre de demandes en décembre a diminué ou est resté stable.
Comme on peut le constater dans le graphique suivant, au cours des six derniers mois (donc depuis juillet 2010), le nombre de demandes d’assurance-emploi montre une stabilité plutôt qu’une amélioration de la situation. Les plans de relance du fédéral et des provinces ont donné des résultats en 2009, mais il est vraiment trop tôt pour mettre fin à ce programme et commencer une politique de rigueur.
Ce n’est pas le cas en Irlande : le pays traverse sa pire situation depuis la grande dépression des années 1930 avec une baisse du revenu national de 17 % depuis trois ans. Le chômage est monté de 10 à 14 % et même, selon certains indicateurs plus spécifiques, excède le taux de 20 %. Le Tigre celtique est sur le derrière pour plusieurs années. Néanmoins, fier de ses racines irlandaise, le ministre canadien des Finances, Jim Flaherty ne manque pas l’occasion, au cours de ses voyages en Irlande pour vanter le Canada aux nombreux volontaires à l’émigration, de féliciter le gouvernement conservateur irlandais – qui par ailleurs devrait largement perdre les élections du 25 février – pour « … certainly has led the European Union in taking the necessary courageous decisions toward fiscal consolidation. » Hummmm
Le ministre conservateur louange également le gouvernement de l’Irlande pour sa politique de garantir toutes les dettes des banques insolvables du pays, même si c’est justement cette politique, qui absout les pratiques spéculatives des banques et qui est justement responsable de la situation catastrophique des finances publiques – le déficit est passé de 12 à 32 % du PIB -, que la population irlandaise va défaire le 25. Le ministre Flaherty sera sûrement bien déçu de cette défaite puisque le modèle irlandais continue à inspirer ses politiques, en particulier sa politique fiscale. Le modèle irlandais reposait sur la concurrence fiscale avec les autres pays européens. L’impôt des entreprises était passé de 40 % à 12,5 % ! Une aubaine pour les entreprises. Flaherty projette de baisser cet impôt à 15 % au Canada d’ici l’an prochain. (Pour plus de détail sur le modèle irlandais, je vous conseille de lire le billet de Bruce Campbell)
Cette parenté des conservateurs canadiens avec leurs zélotes irlandais est inquiétante. Mais il ne faut pas oublier que ce sont des politiciens de la même famille qui dirigent maintenant la Grande-Bretagne vers la récession. Avant même que les effets les plus dévastateurs de la politique de rigueur du gouvernement Cameron se répercutent dans des mises à pied massives d’employés de l’État, les statistiques officielles annonçaient la semaine dernière une croissance inattendue du taux de chômage britannique. En janvier, ce sont 1,46 million de travailleurs qui sont en chômage. Selon la mesure de l’OIT, ce serait plutôt le chiffre de 2,5 millions de personnes qui seraient déclarées en chômage, 44 000 de plus que trois mois auparavant. Et les analystes s’attendent à ce que la situation empire pour le reste de 2011, en raison des coupures drastiques déjà annoncées.
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