Évidemment ce n’était une surprise pour personne. Obnubilés par les promesses trompeuses mais si racoleuses pour des individus avides de payer le moins d’impôt possible, les électeurs irlandais avaient solidement mis au pouvoir le parti centriste Fianna Fail pour une période presqu’ininterrompue depuis 1932. Ils lui ont finalement infligé, pour sa gestion de la crise financière, la plus sévère défaite d’un parti au pouvoir depuis l’indépendance de l’Irlande en 1921. Dans la capitale, Dublin, un seul des 13 élus du Fianna Fail a réussi à se faire réélire, et le parti perd le pouvoir de manière humiliante et durable avec seulement 15 % des voix.
Mais, toujours autant aveuglés par leurs idées de droite conservatrice, les Irlandais n’ont pas accordé leur confiance à une alternative de gauche. Comme au Canada, sclérosé et divisé par un conservatisme social rampant, l’électorat n’a pas su donner une majorité pour gouverner le pays. Mais contrairement au Canada, il y aura par contre une coalition pour gouverner le pays. Le parti qui la dirigera sera le Fine Gael, un autre parti de droite, devenu le premier parti de l’île avec environ 36 % des voix. Ce parti devra gouverner en alliance avec les travaillistes qui arrivent seconds avec environ 20 % des suffrages.
Depuis la crise, le salaire minimum a diminué, ainsi que les retraites et les prestations sociales, tandis que les droits d’inscription à l’université augmentaient de 50 %. Les partis de la nouvelle coalition se sont engagés à renégocier les termes du prêt de 85 milliards d’euros consenti par l’Europe à l’Irlande, mais sans vraiment dire comment. À moins de décisions courageuses, ce qui apparaît invraisemblable puisque le Fine Gael et les Travaillistes ont déjà annoncé la couleur en matière de rigueur budgétaire, la coalition n’aura qu’une marge de manoeuvre limitée pour gérer la crise différemment que l’aurait fait l’ancien gouvernement.
Pourtant, à peu près tous l’admettent : l’entente négociée avec le FMI et l’UE est punitive, injuste et insoutenable. Le coût que devra payer l’ensemble du peuple irlandais afin de sauvegarder la cote des banques – irresponsables – relève de l’aveuglement. S’il est mené à terme, il ne peut raisonnablement mené qu’à une radicalisation d’un électorat qui a déjà commencé à exprimer des relents d’intolérance envers les étrangers. Décidément, les énarques qui gouvernent ces institutions internationales sont de parfaits crétins qui ne mesurent pas les conséquences de leurs actes.
Pour sortir du cercle vicieux de la rigueur budgétaire et de la décroissance économique qu’elle entraîne, le mouvement syndical réclame de « reprivatiser » la dette des banques, de maintenir les dépenses sociales et d’investir dans la reconversion vers une économie verte.
Discussion
Pas de commentaire pour “Les Irlandais rejettent les responsables de la crise”