L’oligopole des trois grandes agences de notation qui dominent le marché mondial nous a amplement démontré, lord de la dernière crise, l’incompétence de ces firmes à véritablement surveiller les risques financiers sur les marchés. Trop soumises au principe de la maximisation du profit de court terme, elles ont été dévoyées de leur rôle de surveillance par leur participation au grand festin de la spéculation mondiale.
Malgré ça, elles se permettent aujourd’hui de jouer le rôle de Père Fouettard de la dette publique, aggravant une situation déjà fortement complexe. Si ça n’avait que des conséquences pour les financiers, ce ne serait pas si grave. Malheureusement, ce sont les populations qui en paient le prix fort. Pour ces raisons, le gouvernement socialiste de la Grèce demande à l’Union européenne une action urgente contre les agences de notation. Après une nouvelle dégradation de la note grecque par l’agence Moody’s, envoyant la Grèce dans la catégorie des pays à risque de défaut de paiement, le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, souligne dans une missive envoyée à l’UE la nécessité d’une action envers les agences de notation financières par les instances européennes. Selon le ministre, la dernière dégradation de la Grèce « est davantage révélatrice de la distorsion des motivations des agences, et du fait qu’on ne leur demande pas de comptes, que de la situation réelle de la Grèce ».
La publication de la lettre coïncide avec une dégradation par Moody’s de la note souveraine de l’Espagne, alors même que la Banque d’Espagne devait communiquer dans la journée le bilan sur la santé du secteur bancaire. La Banque d’Espagne a finalement annoncé que douze entités financières espagnoles, dont huit caisses d’épargne, avaient besoin de capitaux supplémentaires pour un montant total de 15,1 milliards d’euros, en vertu des nouvelles exigences du gouvernement en matière de solvabilité. La somme est inférieure à la prévision de la ministre, qui tablait sur 20 milliards, et à celle de Moody’s qui évoquait une fourchette comprise entre 40 et 50 milliards. La ministre espagnole de l’Economie a déploré l’attitude de Moody’s, soulignant ses divergences dans l’analyse.
En réponse, la Commission européenne s’est engagée à proposer des réformes fondamentales visant les agences de notation « Les derniers jours mettent une fois de plus en lumière l’importance d’avoir un environnement davantage et mieux régulé pour les notations », ont souligné le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, et celui en charge des services financiers, Michel Barnier, dans une déclaration commune, promettant des réponses législatives avant la fin de l’été. « Nous pouvons assurer que les réformes seront fondamentales et s’attaqueront aux nombreux problèmes qui, comme nous le savons, existent », ont-ils ajouté.
L’Europe a déjà adopté depuis 2009 deux législations visant à durcir la régulation des agences de notation, mais la Commission européenne avait annoncé qu’elle préparait un texte supplémentaire, pour répondre notamment aux problèmes liés à l’évaluation de la dette des États. L’idée d’une agence de notation européenne a été relancée par la crise de la dette grecque, pour contrebalancer la toute puissance des trois grandes agences actuelles, Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch. Mais on peut sérieusement douter que la propriété européenne d’une agence change vraiment quelque chose à la situation. Le problème c’est plutôt la forme de propriété. Ces agences, comme les Bourses de marchés secondaire, devraient être des regroupements – sous la forme de mutuelles ou d’associations sans but lucratif – qui gèrent le plus efficacement possible, et en toute transparence, les marchés secondaires et l’information économique stratégique qui en découle, sous la supervision directe des organismes publics de réglementation. La propriété marchande est incompatible avec la fonction que jouent ces institutions.
Tout à fait d’accord avec cette nécessité de réformer les agences de notation et particulièrement en accord avec la piste suggérée en conclusion.
Merci