Au Québec, on estimait, encore récemment, que l’électricité produite avec des panneaux photovoltaïques coûtait six fois plus cher que le prix de l’électricité résidentielle. Un kWh produit avec de l’énergie solaire photovoltaïque coûterait environ 0,42$ par rapport aux 0,07$ le kWh demandés par Hydro-Québec. Mais les choses devraient bientôt changer.
D’abord en raison des innovations, voire des révolutions, technologiques qui influencent les coûts de production. Par exemple, la firme en démarrage HyperSolar, de la Californie, va bientôt commercialiser un nouveau film pour les panneaux photovoltaïques qui vont grandement améliorer – de 300 % – l’efficacité du processus de transformer la lumière en électricité. Le coût des panneaux devrait diminuer de moitié. Selon une étude du National Renewable Energy Laboratory, en tenant compte des plus récentes innovations dans le secteur, l’énergie photovoltaïque serait d’ores et déjà concurrentielle aux plus récentes centrales énergétiques alimentées au gaz naturel dans cinq États des États-Unis : Arizona, Colorado, Nevada, Nouveau-Mexique, Utah et Texas. Ajoutons que, dans le secteur du bâtiment, la capacité croissante d’intégrer plus efficacement les équipements photovoltaïques au bâti serait un facteur supplémentaire d’abaissement des coûts.
Mais par ailleurs, l’industrie de l’énergie solaire est en train d’atteindre un seuil critique de production qui lui permettra, en raison des rendements d’échelle, de diminuer significativement le coût de production du kWh d’électricité produite. Par exemple, l’industrie signale qu’en 2010 la capacité d’énergie solaire photovoltaïque se serait accrue de 16 000 MW dans l’ensemble du monde, pour atteindre une capacité totale de 40 000 MW. C’est, en une seule année, une augmentation de 70 % de la capacité totale de 2009 (23 000 MW). À elle seule, l’Europe aurait accru sa capacité de 13 000 MW grâce aux généreux tarifs de l’Allemagne (7 000 MW) et de l’Italie (3 000 MW).
Au Québec, la quantité d’ensoleillement hivernal (période de forte consommation d’énergie) est comparable et même supérieure à celui de nombreux pays nordiques d’Europe. Ainsi, entre le 1er octobre et le 31 mars, Montréal reçoit en moyenne 525 kWh/m2 de rayonnement solaire global sur une surface verticale sud. Cela représente le potentiel du chauffage solaire passif des locaux et de l’éclairage naturel en hiver. En guise de comparaison, le Danemark reçoit 296 kWh/m2, soit la moitié moins que Montréal pour un climat comparable. Pourtant, les habitants du Danemark tirent davantage profit de l’énergie solaire que les Québécois. Le Québec bénéficie d’environ 2200 heures d’ensoleillement en moyenne par année. Bien que les heures d’ensoleillement l’hiver soient plus courtes qu’en été et que la quantité d’énergie solaire soit moindre également, il y a davantage de soleil comparativement à certains pays européens. Il est donc faux de prétendre que la filière solaire n’a aucun avenir au Québec.
Il faut donc au plus tôt élaborer une stratégie d’intégration du solaire dans une politique énergétique québécoise. Dans un premier temps, on peut prévoir que les nouveaux projets résidentiels éloignés des infrastructures devraient pouvoir devenir autonome (géothermique et solaire). Dans un deuxième temps, le gouvernement devrait formuler une stratégie de développement du solaire avec un tarif privilégié et des contraintes de contenu québécois.
En espérant que ces panneaux nous serviront à réduire notre consommation d’énergies plus polluantes (pétrole, gaz, hydro, nucléaire), sans quoi nous passerons complètement à côté de l’objectif de réduction de gaz à effet de serre de 50 à 80%, nécessaire à prévenir la catastrophe climatique qui nous pend au bout du nez.
En espérant…