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Le samedi 23 avril 2022

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Et si on se mettait au vert ?

L’auteur invité est Antoine de Ravignan, journaliste à Alternatives Economiques.

Soyez réalistes, demandez l’impossible ! Les utopies dessinées au fil des pages qui suivent ont peu en commun avec ce bon vieux slogan soixante-huitard. Il est frappant de constater à quel point les voies qui permettraient d’assurer la nécessaire reconversion écologique de notre économie – et, entre autres, de diviser par deux les émissions mondiales de carbone d’ici à 2050 – sont au contraire praticables. Et déjà pratiquées, même si c’est beaucoup trop peu.

Il y a vingt ans, quand les Etats s’étaient donné rendez-vous à Rio au chevet d’une planète déjà bien malade, ces utopies paraissaient impossibles. Aujourd’hui, non. Les trajectoires qui permettraient de contenir le réchauffement climatique dans des limites supportables pour l’humanité sont clairement identifiées. Grâce notamment aux formidables progrès de la technologie, elles sont compatibles avec le bien-être des uns et le mieux-être des autres. Leurs coûts, désormais assez bien estimés, sont certes importants, mais pas hors de portée : de l’ordre de 1 % du produit intérieur brut (PIB) mondial à investir chaque année, la moitié de ce que les Etats consacrent à leurs budgets militaires.

Le drame, c’est que le meilleur des arguments qui aurait pu inciter à consentir cet investissement – la raréfaction des ressources énergétiques – vient de mourir. L’économie mondiale est en train de démontrer qu’elle est parfaitement capable de s’accommoder d’un baril de pétrole à 100 dollars. Le choc de 1973 avait été l’aiguillon de  » la chasse au gaspi « . Aujourd’hui, le niveau des cours pousse à puiser dans les gisements de pétrole et de gaz non conventionnels que l’humanité a appris depuis à exploiter. Or la ressource est immense et ne s’épuisera pas avant un siècle. Beaucoup trop tard pour anticiper le changement climatique.

Quant aux études selon lesquelles les bénéfices futurs de la transition écologique, en termes d’emplois créés notamment, seront supérieurs aux investissements à consentir, elles sont bien hypothétiques et régulièrement réfutées par les partisans de la thèse inverse. Et quoi qu’il en soit, cette ligne de défense ne tient pas face à l’horizon des décideurs politiques borné par la prochaine échéance électorale. Seule certitude : si nous ne faisons rien aujourd’hui, le monde que nous laisserons à nos petits-enfants sera effroyable. Mais cet argument moral pèse encore moins lourd que les deux précédents.

Qu’est-ce qui pourrait alors rendre l’utopie possible ? Peut-être le ras-le-bol de plus en plus exprimé face à des écarts de richesses devenus insupportables et qui entretiennent un modèle de consommation – vécu par les nantis, rêvé par les frustrés – qui nous condamne tous. Mais à condition que la renégociation du contrat social soit aussi l’occasion de négocier le contrat naturel.

Ce texte est un éditorial de la dernière plaquette d’Alternatives Economiques de la collection Poche n° 049 – avril 2011 sur le thème Et si on changeait tout…

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