L’auteure invitée est Laure Waridel.
Sous l’un des chapiteaux du Forum social mondial, sur le campus de l’Université de Dakar, plus d’une centaine d’actrices et d’acteurs de l’économie sociale et solidaire sont rassemblés formant un auditoire bigarré. Parmi eux, des femmes et des hommes de tous âges, venus du Burkina Faso, du Maroc, du Mali, du Togo, de la France, de la Belgique, du Québec et d’ailleurs.
Griffonné sur un grand papier déchiré, on peut lire : « Conférence débat : Les coopératives rurales au Sénégal, Vers un développement économique social, solidaire et durable. Une autre démarche pour un mouvement coopératif rénové. » Dans cet espace de rencontres et d’échanges, une diversité de voix s’élèvent présentant tantôt des défis, tantôt des succès.
Des exemples ouest africains
Le leader d’une coopérative agricole sénégalaise raconte comment, il y a quelques années seulement, le pays dépendait de l’importation d’oignons européens. Ce légume pousse pourtant très bien au Sénégal. Il est à la base de plusieurs mets traditionnels dont le yassa et le tchiou, deux sauces délicieuses qui accompagnent le riz quotidien.
Plus souvent qu’autrement, la qualité des oignons importés est médiocre puisqu’on vend aux Sénégalais ce qui ne trouve pas preneur ailleurs dans le monde. Jusqu’à tout récemment, les petits producteurs eux, restaient pris avec leur propre récolte, car il était plus simple pour les grands distributeurs des villes d’acheter à l’étranger qu’à une diversité d’acteurs locaux. Devant ce constat, ces derniers ont décidé de se rassembler en coopérative et d’approvisionner les distributeurs. Si bien que maintenant, la majorité des oignons consommés au Sénégal sont produits localement et les profits retournent directement dans les poches de celles et de ceux qui les cultivent.
Si plusieurs paysans, organisateurs communautaires et chercheurs présentent des exemples de succès et mentionnent souvent le Québec comme une source d’inspiration, d’autres expriment leur inquiétude de voir des leaders prendre des décisions qui ne servent pas l’intérêt des membres. En d’autres mots, on s’inquiète de voir des roitelets s’emparer de la caisse pour leur propre bénéfice… Avec humour, un Africain répond : « Une coopérative est un peu comme une super voiture de grande qualité, une Mercedes par exemple. Je ne veux pas ici faire de la publicité, mais on m’a dit qu’elles ont de bons moteurs… Et bien, même la meilleure Mercedes, conduite par un chauffard, elle n’arrivera pas à destination. Elle aura un accident. Il ne suffit pas d’avoir un bon véhicule, il faut savoir le conduire. Pour qu’une coopérative marche, il faut de bons leaders honnêtes et pour ça, seule la démocratie et la participation des membres peuvent le garantir. » Voilà une belle image, qui ne vaut pas seulement pour l’Afrique!
Un peu plus tard dans la journée, je me trouve non loin du kiosque du Réseau des organisations paysannes et pastorales (RESOPP) qui a co-organisé la conférence à laquelle je viens de participer. Du coin de l’œil, j’observe quatre enfants en haillons. Dans les pierres, devant ce kiosque, ils grattent fébrilement pour récupérer quelques cacahouètes tombées de paniers d’exposition. L’un d’eux a l’idée de se servir à même la réserve des paysans. Avant qu’il n’aye le temps de filer en douce, un des organisateurs surgit s’adressant aux enfants dans une langue que je ne reconnais pas. Je comprends cependant qu’il demande à l’enfant et à ceux qui l’ont imité de remettre les cacahouètes en écaille dans le panier. Le regard plein de bonté, il leur rempli les mains et les poches d’arachides toutes bien décortiquées…
C’est tout ça et bien plus l’économie sociale et solidaire en Afrique.
On peut lire le texte au complet, avec ses références, en allant sur le site de la Caisse d’économie solidaire Desjardins.
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