Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.
Investir dans le travail décent
Le Comité sur le capital du travail est une création conjointe de la Confédération syndicale internationale (CSI), du Comité aviseur syndical auprès de l’OCDE (TUAC) et des Fédérations syndicales professionnelles. Le présent document du comité dénonce les conditions de travail dans trois régions du monde : celui du travail forcé en Birmanie, sanctionné par la dictature au pouvoir, ainsi que des pratiques illégales de travail forcé dans des pays d’Afrique de l’Ouest et au Brésil. Il s’adresse aux fiduciaires des caisses de retraite associés au mouvement syndical dans le but de les informer et de leur donner les moyens pour participer plus activement à des campagnes d’actionnaires au sein de leurs institutions respectives. Le document veut démontrer que des placements financiers dans des entreprises impliquées dans ce type de pratiques, au-delà de valeurs morales, représentent des risques financiers importants.
100 millions pour des toits solaires en Ontario
La finance responsable passe aussi par le financement de la reconversion écologique de l’économie. Par exemple, les placements dans les obligations vertes (Green Bond) pour financer de vastes projets d’infrastructures plus durables représentent des alternatives de plus en plus crédibles pour les investisseurs institutionnels. Mais on trouve aussi une large variété de placements privées dans le domaine des technologies propres en émergence. Ainsi, le partenariat ontarien entre un gestionnaire d’actif et un développeur en énergie solaire pour financer, développer et opérer des toits solaires est intéressant à plus d’un titre. Sur la base du programme ontarien FIT (tarifs généreux de long terme pour les énergies vertes), la nouvelle entreprise prend tous les risques pour l’installation et la gestion de panneaux solaires sur les toits d’édifices existants. Les propriétaires d’édifice ne déboursent absolument rien, mais louent leurs espaces de toiture disponibles. L’entreprise prévoit investir 100 millions $ dans les deux prochaines années.
Un guide du Ceres pour améliorer la reddition de compte
Le Ceres, l’une des ONG les plus dynamiques dans le domaine de la finance responsable aux États-Unis, vient de rendre disponible un nouveau guide pour améliorer la triple reddition de compte des entreprises face aux enjeux du développement durable. Précisons que le Ceres regroupe les grands investisseurs institutionnels étatsuniens proches du mouvement syndical, tel que le CalPERS, le fonds de pension des employés de la Californie. Ces investisseurs sont trop souvent confrontés à l’absence d’information concernant les risques associés aux changements climatiques des firmes dans lesquelles ils investissent. Le guide du Ceres devrait les aider à obtenir ces informations.
« Adjusting to a world profoundly shaped by climate change is a key challenge for all leading companies, » affirme la présidente du Ceres, Mme. Mindy S. Lubber. « Ensuring that investors are getting timely, material information on climate-related impacts, including regulatory and physical impacts, is essential. This report sets the bar on what investors expect on climate disclosure so that they better understand which companies are well positioned for the future and which are not. »
Total sous les projecteurs pour ses projets dans les sables bitumineux
La pétrolière française Total, que l’on connaît peu au Québec, même si l’entreprise a commencé à s’afficher l’an passé dans le métro de Montréal, commence à être sous les projecteurs des financiers responsables en raison de ses investissements dans les sables bitumineux canadiens. Notons au passage que la famille Desmarais a des intérêts importants dans cette entreprise. Étant donné les risques sociaux et environnementaux associés aux sables bitumineux, le nouvel intérêt de Total pour ces énergies entraîne une réévaluation des risques adossés à ce titre par les investisseurs. On sait aussi que les investisseurs et les ONG européens ont, depuis quelques années déjà, initié une large campagne d’actionnaire contre les impacts de ce pétrole sale. PhiTrust Active Investors, une firme française (!!!) spécialisée dans la gestion active d’actif, aurait initié une camapgne d’actionnaire – avec la collaboration de Greenpeace France et du Natural Resources Defense Council des États-Unis – afin de faire retirer le titre de Total du Dow Jones Sustainability Index.
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