Les dirigeants politiques des économies émergentes du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ne veulent ni être les faire valoir des économies développées, ni se faire imposer des agendas qui iraient contre leurs intérêts fondamentaux. Une fois par année, ces leaders régionaux de tous les continents (l’Afrique du sud s’est joint à eux pour la première fois cette année) se rencontrent pour réfléchir sur des pistes communes d’action.
Le plus récent de leur sommet a justement eu lieu au début du mois d’avril, dans l’indifférence générale des pays développés dont les yeux étaient tournés vers la rencontre des ministres des finances du G20. Selon Jean-Pierre Raffarin, ancien premier-ministre français qui avait été invité à participer comme observateur à ce sommet de Boao, sur l’île chinoise de Hainan, les dirigeants de ces cinq puissances régionales lui ont semblé vouloir chercher à infléchir sérieusement la mondialisation en cours. D’autant plus, nous dit Raffarin, que les dirigeants du BRICS ont bien conscience des services qu’ils rendent à l’économie mondiale, du fait de leur apport à la croissance mondiale et, dans le cas de la Chine, de ses capacités financières. Selon le FMI, ces pays devraient représenter, d’ici 2015, la moitié de la population mondiale (plus de trois milliards d’habitants), la moitié de la demande mondiale en capitaux et technologies et plus de 60 % de la croissance mondiale.
Un véritable courant d’échange sud-sud, qui échappe complètement à la vision du monde occidental, est en train de s’organiser. Mais il ne faut pas exagérer le niveau de coopération entre ces pays si éloignés les uns des autres. Les deux précédents sommets – en Russie et au Brésil – n’avaient pas donné beaucoup de résultats. Mais, cette fois, les Chinois semblent déterminés à faire avancer les consensus. Les pays du bloc se retrouvent, en effet, face à des problématiques identiques.
Système financier : ensemble, ils veulent peser sur la reforme du système mondial, financier et monétaire : « we can not let foreign capital come and go as it pleases ».
Inflation : l’inquiétude chinoise rejoint ici les préoccupations brésiliennes face à un rythme d’inflation qui au Brésil était en janvier sur une projection annuelle de 6%. Les BRICS vont mieux coordonner leur lutte commune sur ce point.
Croissance : ils font de la recherche de la « croissance durable » une priorité partagée : croissance moins gourmande en carbone et moins génératrice d’inégalités que la croissance traditionnelle occidentale. Par exemple, le XIIe plan chinois propose une croissance verte (économie d’énergie, énergies renouvelables, villes vertes,…) et une croissance sociale (logements, protection sociale, santé, rééquilibrage du territoire,…).
Somme toute, le pays hôte du Sommet de Boao souhaiterait que des stratégies communes soient déterminées entre les BRICS dans la perspective de la réforme du système monétaire au G20 et propose une coopération plus étroite dans des domaines d’intérêt commun comme la santé publique et le changement climatique.
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