Alors que la porte semblait vouloir se refermer définitivement sur l’exploitation des gaz de schiste en France, l’industrie vient de mettre ses grosses bottines dans l’encadrement dans un dernier sursaut pour l’en empêcher. Juste avant que l’Assemblée nationale vote en urgence le 10 mai sur un projet de loi visant à retirer les permis d’exploration et d’exploitation, un rapport provisoire sur les gaz de schiste vient d’être rendu public, préconisant de ne pas enterrer cette technologie.
Issue du Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies et du Conseil général de l’environnement et du développement durable, ce rapport au ton technocratique recommande aux ministres responsables de poursuivre les travaux de recherche et tests d’exploration mais sous un contrôle très strict. On dirait qu’ils ont lu le rapport du BAPE ! Pour ces institutions, la priorité de la France doit être de « faire émerger des opérateurs nationaux » de cette industrie. Et comme d’habitude, alors qu’ils avouent eux-mêmes avoir besoin de plus de connaissance sur son ampleur, ils laissent entendre que la France est assise sur un trésor : Le Bassin parisien devrait renfermer d’importants gisements d’huile de schiste (100 millions de m3 techniquement exploitables) et le sud de la France du gaz de schiste (500 milliards de m3) ! Le rapport final doit être remis le 31 mai, soit après le vote de l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, le gouvernement français pourrait être contraint de revoir sa position dans la foulée d’une déclaration de la Commission européenne favorable à la prospection de ce gaz. La France n’est cependant pas seule à s’y opposer. La Suède aurait elle aussi déclaré un moratoire sur les forages. À l’opposé, la Pologne voit dans ce gaz la ressource miraculeuse qui permettrait de les sortir de la dépendance énergétique vis-à-vis la Russie. Or, c’est la Pologne qui prendra la présidence tournante de l’Union européenne à partir de juillet !
Bref, l’industrie ne baisse pas les bras. Comme le font ici les avocats de l’industrie, ils proposent de permettre l’exploration pour voir le potentiel – dont pourtant ils assument d’ores et déjà la réalité !!! – et la possibilité d’extraire le gaz en sécurité…
« Les experts en sont convaincus, il y a des solutions aux problèmes soulevés par les défenseurs de l’environnement : notamment, utiliser moins d’eau et ne retenir qu’une vingtaine de produits chimiques, au lieu des 500 utilisés dans la méthode américaine. »
Et tout comme ici, on présente les industriels comme des experts, des scientifiques qui agissent dans les règles de l’art, alors que le public est considéré comme une bande d’abrutis manipulés par des écologistes sans scrupules.
« On peut considérer que l’on est en présence aujourd’hui d’une certaine incompréhension entre deux catégories d’acteurs : les industriels ont opéré depuis des décennies et vivent le “ non-conventionnel ” dans la continuité de leur longue expérience et les règles environnementales comme des contraintes nouvelles ; le “ grand public ” est d’une certaine manière frappé par la soudaineté avec laquelle les [gaz de schiste] sont apparus sur le devant de la scène. »
Discussion
Pas de commentaire pour “Gaz de schiste : rien n’est encore décidé en France”