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Le jour d’après… Sans réduction des inégalités, pas de sortie de crise !

Le jour d’après… Sans réduction des inégalités, pas de sortie de crise !, par Robert Reich
Vuibert, 2011, 185 p. (Recension réalisée par Christian Chavagneux, d’Alternatives Economiques).

Nos sociétés sont de plus en plus inégalitaires, ce qui leur fait courir deux dangers, affirme Robert Reich, ancien ministre du Travail de Bill Clinton et essayiste. Le premier de ces dangers est économique : en appauvrissant les classes moyennes, les inégalités les privent du pouvoir d’achat qui leur permet d’acquérir les biens et les services produits par leur entreprise. Mais la menace est aussi politique : « Les angoisses et les frustrations qui en découlent font le bonheur des démagogues. »

La première partie du livre est la moins originale. Elle nous rappelle que les Etats-Unis connaissent aujourd’hui un niveau d’inégalité des revenus qui a eu son équivalent juste avant la crise des années 1930. Un cercle vertueux s’est mis en place après la guerre qui a permis au plus grand nombre de profiter de la prospérité ambiante. Le salaire minimum, le renforcement du pouvoir des syndicats, le développement de l’Etat-providence et celui du complexe militaro-industriel ont contribué à une répartition du pouvoir d’achat qui permettait le maintien d’une demande intérieure dynamique.

Libéralisme Mais le charme est rompu. La mondialisation et l’offre croissante d’emplois à bas salaires par les pays émergents, de même que le progrès technique, ont conduit les grands pays industrialisés à perdre des emplois et à tirer les salaires vers le bas. Un renforcement du pouvoir des syndicats, une plus grande protection sociale en faveur des perdants et une redistribution des richesses auraient pu permettre de pallier ces nouvelles contraintes. Au lieu de cela, le libéralisme économique l’a emporté, contribuant à creuser l’écart entre les très riches et les autres.

Les Etats-Unis ont pu s’en sortir un temps grâce à trois mécanismes de secours. Les femmes se sont mises à travailler, apportant de nouvelles ressources ; les Américains ont travaillé plus pour gagner plus ; et l’endettement des ménages a explosé, passant d’environ la moitié de leurs revenus à la fin des années 1970 à 138 % à la veille de la crise des subprime. Mais ces soutiens ne fonctionnent plus. Et il est illusoire de croire qu’exporter plus vers la Chine est la solution : la consommation y pèse peu, car la richesse profite d’abord aux investissements.  » Les Etats-Unis et la Chine sont tous deux capables de produire beaucoup plus que leurs propres consommateurs ne sont capables d’acheter. »

New Deal Que faire pour éviter une insatisfaction grandissante qui nourrira des croisades antifiscales, le nationalisme et la violence contre les élites politiques ?

Robert Reich propose un New Deal pour les classes moyennes. Avec, par exemple, un crédit d’impôt pour tous, dégressif en fonction du niveau de revenus et financé par une taxe carbone et des impôts plus élevés sur les riches, une politique de retour dans l’emploi pour les chômeurs avec des incitations (chèque éducation, formation) et des contraintes (taxation des entreprises rentables qui licencient), des investissements publics dans les infrastructures, etc.

Barack Obama n’a pas su initier ce New Deal, conclut Robert Reich. Mais les Etats-Unis y arriveront avant que le pire ne se produise « parce ce que nous sommes une nation raisonnable et que c’est la seule solution raisonnable ». Tout bon Américain dirait :  » Que Dieu l’entende !  »

Discussion

Commentaire pour “Le jour d’après… Sans réduction des inégalités, pas de sortie de crise !”

  1. Croire en un nouveau « New Deal » aux États-Unis est aussi utopique que de voir un jour des chameaux boire les glaces du pôle nord.Le président Obama avait le Congrès entier pour le supporter, s’il avait voulu réintroduire les règlementations et contrôles du système financier qui avaient été bradés par Clinton. Les superpuissances des lobbies ultra conservateur ont eu raison des toutes les initiatives du président Obama. Et les capitalistes s’en mettent encore plein les poches. Pendant ce temps, tous les politiciens laissent libre court aux faiseurs d’argent de spéculer à tour de bras sur le dos des monnaies nationales, de siphonner les fonds de retraite des travailleurs, d’engraisser les administrateurs d’entreprises de rentabiliser leurs organisations en pratiquant les mises à pied de masse. Quand serons-nous capables de les regarder dans les yeux et leur dire, assez c’est assez…
    Nous pourrions continuer à vilipender les politiciens naïfs qui croient encore qu’ils pourront mettre de l’ordre dans ce système qui se condamne lui-même à l’implosion, tout comme l’implosion du système communiste qui n’avait jamais été capable de se remettre en cause. Voilà, les réflexions qu’ont suscités en moi vos propos que j’ai bien appréciés…, mais le monde est ce qu’il est: faiblard, ignorant, aveugle, inconséquent, etc., etc,….

    Écrit par Guy Lessard | mai 13, 2011, 20 h 26 min

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