Jean Charest est en politique pour ce genre de projet, je n’ai pas de mal à le croire. Les investissements que veut réaliser le gouvernement Charest pour développer le Nord ne sont rien d’autre que de la dette publique au service des minières étrangères. Il a le culot de comparer ce Grand Saccage du Nord du Québec aux autres grands projets qui ont marqué l’histoire récente. Pourtant, c’est à la période duplessiste qu’il faudrait le comparer : la tonne de fer au rabais de la Côte-Nord. La Baie-James de Bourassa ? Elle s’est faite par et pour les sociétés d’État, dont Hydro-Québec qui, à cette époque du moins, était probablement l’institution la plus respectée des Québécois. C’est au nom de l’intérêt général que la Baie-James a été réalisée. Le Plan Nord ? C’est principalement dans l’intérêt des transnationales du secteur des ressources qu’on veut le réaliser. Tout le reste n’est que de la vaseline pour passer ce sapin aux Québécois, qui semblent capable d’en prendre bien d’autres puisqu’ils sont 30 % à être prêts à renouveler leur soutien à ce gouvernement…
Le gouvernement du Québec prévoit investir plus de 2,1 milliards $, pendant les cinq prochaines années, dans le développement des territoires au nord du 49e parallèle, dont 500 millions $ en placement privée – par le biais d’une dotation à Investissement Québec. Prétendre que ces investissements seraient financés à même les retombées fiscales découlant des projets miniers était parfaitement ridicule. Charest nous prend vraiment pour des imbéciles. D’une part, les investissements dans les infrastructures sont des préalables aux investissements des grandes entreprises du secteur minier. On peut compter plusieurs années avant le début des travaux d’infrastructure et le début de l’exploitation. D’autre part, l’intervalle entre le début de l’exploitation et celui où la minière rapporte effectivement des revenus au fisc québécois est encore plus long, étant donné les généreux avantages fiscaux que le gouvernement accorde aux minières pour les inciter à venir exploiter nos ressources.
En ce qui concerne l’idée de développer les ressources hydroélectriques, c’est de la pure folie. Les sources alternatives d’énergie renouvelables sont déjà concurrentielles par rapport au projet de la Romaine. Pourquoi poursuivre cette filière alors que les retombées qu’on peut attendre des filières alternatives sont plus importantes, sans les dommages environnementaux entraîner par les barrages. Les groupes environnementaux ont raison de dénoncer cette vision énergétique du siècle passé, basée sur des méga-barrages. La vision de développement proposée dans le Plan Nord est d’autant plus préoccupante que le Québec connait des surplus énergétiques historiques.
Étant donné les circonstances, le Québec ne doit aucunement chercher à accélérer l’exploitation tout azimut des ressources minières nordiques. Ces ressources n’étant pas durables, nous devons y aller un projet à la fois, en cherchant à faire en sorte que chaque projet permette d’assurer la pérennité de leur exploitation – en termes de propriété et de contenu technologique québécois – sur le long terme. Mais surtout, le contexte exige que les grands projets mobilisateurs de l’État québécois soient plutôt dirigés vers un développement durable, en priorisant la reconversion écologique de l’économie. En l’occurrence, il faudrait détourner les 2,1 milliards $ du Plan Nord vers une stratégie de développement durable reposant sur trois grands axes : un plan de transport durable, une nouvelle politique énergétique et un vaste programme de rénovation écologique du parc immobilier. L’utilisation alternative de ces milliards aura ainsi une beaucoup plus grande rentabilité économique, sociale et environnementale pour la collectivité québécoise que le Grand Saccage du nord.
Nous reviendrons plus en détail sur ces axes de développement. Un plan de transport durable sera bientôt présenté dans le cadre des travaux menés en collaboration avec l’IREC.
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