La période des REER s’est terminée il y a quelques semaines. C’est le moment de faire un bilan critique de ce régime. Les régimes d’épargne facultatifs et individuels, comme les REER, accroissent les inégalités et favorisent les plus riches. Ce n’est plus seulement les organisations syndicales et de gauche qui l’affirment (voir à ce propos l’étude de l’IREC en cliquant ici). C’est une étude de Statistique Canada qui l’affirme : en 1999, 59 % des déclarants âgés entre 25 et 64 ans ne s’étaient prévalus d’aucun de leurs droits de cotisation à un REER. Plus de la moitié de ceux-ci déclaraient un revenu inférieur à 20 000$. À l’inverse, près de la moitié des déclarants du groupe de revenu le plus élevé utilisaient tous leurs droits. Et cette situation n’a pas changé depuis.
De façon générale, les taux de participation ont constamment augmenté depuis 1991. Mais, peu importe la base de données qui est utilisée, les taux globaux de participation sont toujours favorables aux hommes. Mais c’est parce qu’il y a un biais dans les études. Pour comparer adéquatement, il faut calculer les taux de participation des hommes et des femmes se situant dans la même tranche de revenu. Or, ce que l’on constate c’est que, systématiquement, les taux de participation des femmes sont plus grands que ceux des hommes pour chacun des groupes de revenu. Ainsi, si les taux de participation et les cotisations des femmes sont globalement inférieurs aux hommes, ce n’est pas parce qu’elles épargnent moins mais parce qu’elles ont moins de capacité à épargner. À revenu égal, elles épargnent plus que les hommes. Mais puisqu’elles gagnent moins, collectivement elles sont les perdantes du régime des REER.
Comme l’affirme depuis longtemps la Fédération des femmes du Québec, être pauvre à la retraite se conjugue principalement au féminin. En 2006, le revenu moyen des femmes de 65 ans et plus représentait 62 % de celui des hommes, soit, 21 909 $ par rapport à 35 404 $ (cet écart est plus grand que celui calculé pour 2000). Ces mêmes statistiques, référant à l’année d’imposition 2006, révèlent aussi que les revenus des femmes aînées proviennent surtout des régimes publics (Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV), Supplément de revenu garanti (SRG), Régime des rentes du Québec ou Régime de pension du Canada). Moins de 50% des femmes retirent un montant d’un régime privé de pension, d’un REER ou d’une autre forme d’épargne individuelle, comparativement à 67% des hommes. L’écart est encore plus grand pour ce qui est des revenus de patrimoine. Cependant, si la principale source de revenu pour les femmes provient des régimes publics, elles reçoivent moins de ces régimes que les hommes. Cela est dû au fait qu’elles ont moins cotisé au Régime des rentes du Québec (RRQ), étant donné leur salaire moins élevé, en moyenne, que celui des hommes (ce qui est encore vrai aujourd’hui) et que plusieurs d’entre elles se sont absentées du marché du travail pour prendre soin des enfants ou de proches dépendants. Autre constat : en 2008, 54 % des femmes retraitées et 44% des hommes reçoivent le Supplément de revenu garanti réservé aux personnes à faible revenu. Une femme vivant seule et n’ayant comme seul revenu que la PSV et le Supplément de revenu garanti dispose d’un revenu annuel de moins de 15 000 $. C’est le cas de bon nombre de femmes.
Selon l’IREC il faut réformer le système de retraite. « Le poids des régimes d’épargne facultatifs et individuels tels que les REER, dans le système de retraite doit, être réduit au profit des régimes publics. Il faut modifier le régime et viser un seuil de remplacement du revenu d’au moins 50% pour tous les retraités par l’entremise du régime public », réclame Robert Laplante. Un transfert partiel des cotisations des régimes privés vers les régimes publics constituerait une autre partie de la solution, selon le chercheur. Cette avenue aurait aussi un effet redistributif intergénérationnel.
« Ces régimes répartissent le risque sur toute la population, peu importe les différentes tranches d’âge. Dans les régimes privés, le risque est individualisé et donc plus difficile à soutenir pour certains individus démunis ».
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