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Le samedi 23 avril 2022

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Plaidoyer pour une intégration syndicale européenne

L’auteur invité est Antonio Ferrer est secrétaire confédéral pour l’action syndicale et à ce titre numéro 2 de l’ UGT (Union General de Trabajadores), un des deux principaux syndicats espagnols, interviewé par Claude Emmanuel Triomphe.

Avant le congrès de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) à Athènes, Antonio Ferrer nous livre son diagnostic et sa vision du syndicalisme européen de demain.

Pour l’UGT, quelle est l’utilité de la CES, quelles sont ses forces ?

L’utilité de la CES pour nous est inestimable, car il est le seul contrepouvoir en Europe qui a la possibilité de parer l’attaque de certaines institutions de l’UE à l’encontre de l’acquis communautaire dans le domaine des droits économiques, sociaux et du travail. La CES est également un instrument, parmi d’autres dans le cadre européen, capable de plaider en faveur de la démocratisation des politiques et le processus décisionnel des institutions européennes. Cependant, je dois préciser: Elle a un caractère central dans le processus de construction européen et notamment dans un rééquilibre par rapport aux politiques très libérales de sortie de crise. Nous avons en même temps la nécessité d’une CES qui devienne un acteur fort et qui puisse mobiliser. C’est à elle que l‘on doit la proposition d’avoir un pacte qui intègre un accord social, à elle que l’on doit la promotion d’un modèle social.

Et ses faiblesses ?

La CES a besoin aujourd’hui d’une position plus offensive, plus dynamique. Du point de vue organisationnel, elle n’a pas su s’adapter aux nouvelles réalités. La crise a provoqué une série de décisions européennes. La CES n’a pas su se placer à leur hauteur, ni être force de proposition. Dans la mesure où la crise a remis en question un triple modèle économique, politique et idéologique, nous sommes confrontés à un manque de visions politiques alternatives aux politiques récessives.

Que faudrait-il faire ?

La CES doit accomplir un vrai saut qualitatif. Le fameux pacte « Euro plus » nous oblige à avoir aujourd’hui une vision beaucoup plus intégrée des diverses politiques syndicales. Et soyons clairs, les politiques nationales en matière de retraites, de droits des travailleurs, de modèles de détermination des salaires sont devenues largement obsolètes. Certains croient que la crise doit mener à des solutions locales alors que c’est vers des solutions européennes et globales qu’il faut se diriger. On ne peut plus se contenter d’un discours syndical européen qui vise l’échange d’informations ou une simple coordination. Nous intégrer, au plan politique, comme au plan organisationnel, voilà ce vers quoi nous devons aller ! Et je crois que cette vision est aujourd’hui majoritaire parmi les confédérations affiliées à la CES. Une vision transnationale va s’imposer et le congrès d’Athènes devrait assumer ce tournant. Pour le dire autrement, il faut que la CES devienne un syndicat à part entière ! Elle n’est pas la seule à devoir s’adapter : la gauche et la social-démocratie européennes vont elles aussi devoir passer à ce stade d’intégration forte.

L’Europe sociale n’est-elle pas en bout de course ?

Je ne crois pas que l’Europe sociale doive être remise en question mais elle souffre fortement. On tente de la sacrifier à une vision étroitement économiste, à la baisse des coûts salariaux. Et l’on semble vouloir abandonner le modèle social au profit d’une compétitivité à n’importe quel prix. A l’avenir, il nous faudra sans doute questionner et redéfinir les processus de dialogue social en Europe : il est évident par exemple que les sommets sociaux ne suffisent plus. De même, il nous faudra travailler beaucoup plus en profondeur au niveau sectoriel.

Quels principaux défis pour le syndicalisme espagnol et pour le syndicalisme européen ?

Il nous faut d’abord préserver les organisations des travailleurs car un des grands objectifs du néolibéralisme, c’est d’affaiblir notre capacité de mobilisation, d’organisation et de négociation comme on le voit en Espagne ou dans d’autres pays européens.

Différents facteurs devront être pris en compte : à commencer par la grande incertitude que la crise génère pour les jeunes, pour leur emploi, pour leurs droits. Je remarque que ceux-ci ont été nombreux dans les mobilisations sociales, notamment contre les réformes des retraites en Espagne mais aussi en France. Je ne partage pas la vision selon laquelle les jeunes s’éloignent du mouvement syndical : chez nous ils militent, mais cela ne nous dispense pas bien sûr de rechercher de nouvelles formules d’intégration.

Et puis nous devons compter sur d’autres forces mobilisatrices, ceux autour des femmes, des migrants et de toutes les questions d’égalité ou encore celles qui tiennent à l’écologie et au développement durable.

Pour lire le texte au complet, on va sur le site Metis, correspondances européennes du travail

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