Comme le signale nos amis chroniqueurs du site Rue89, il est passé assez inaperçu ce rapport qui décrit les origines de la crise financière de 2008. Écrit par une commission de huit personnalités indépendantes sous la houlette de Phil Angelides, ce rapport met un point final à une minutieuse enquête de terrain qui fut remis le 27 janvier 2011 au président des Etats-Unis et au Congrès.
Ses conclusions seraient accablantes :
« Au cours de notre enquête, nous avons identifié des défaillances dramatiques dans la gouvernance des entreprises, des trous béants dans nos systèmes de régulation et des faiblesses quasi-fatales à notre système financier. »
Aidées dans un premier temps par des autorités politiques complices qui ont déversé des milliards pour les sortir du marasme dans lequel elles s’étaient elles-mêmes empêtrées, les banques ont par la suite eu le culot de donner l’illusion d’avoir réussi leur affaire en s’égosillant sur leurs profits retrouvés et leur bonus ébouriffants. Or, n’eut-été l’assistance publique, le système financier, par ses excès, courrait au précipice.
Après avoir asséché les finances publiques des pays, les banques doivent affronter les difficultés de paiement de plus en plus criantes de leurs « sauveteurs » : c’est la crise de la dette. Rien que pour la France, nous dit Rue89, les engagements des banques représentent plus de quatre fois le PIB national, plus de soixante fois la capitalisation totale des banques. Pourquoi pensez-vous que les banques, à travers leur porte-parole politique des partis de gouvernement, refusent-elles avec tant d’acharnement la restructuration de la dette grecque ? Ce serait là un coup, sinon fatal pour la pérennité des banques allemandes, françaises, anglaises, à tout le moins fatidique pour les plantureux dividendes que se verse l’oligarchie financière.
Quatre mois après ce rapport, rien n’a été fait. Bien au contraire, le système financier détraqué continue de spéculer sur sa propre mort. Aux Etats-Unis, l’agence de notation Standard & Poor’s vient d’abaisser à « négative » la perspective de la dette souveraine étatsunienne, semant une nouvelle panique dans cet asile de fous qui s’amusent avec produits – financiers – hautement toxiques.
Un autre rapport, provenant celui-là de l’Irlande, arrive aux mêmes conclusions : les lourdes responsabilités des banques et des dirigeants politiques, qui partageaient le même ultralibéralisme suicidaire. Selon ce rapport, la crise qui a ravagé le secteur bancaire irlandais est la conséquence d’une folie spéculative nationale, à une échelle unbelievable. « It appears now, with hindsight, to be almost unbelievable that intelligent professionals appear not have been aware of the size of the risk they were taking », précise l’économiste d’origine finlandaise, anciennement du FMI.
Mais il aura beau critiquer sévèrement le gouvernement, les instances de régulation et les banques pour avoir provoqué cette catastrophe, il ne remet pas en question la logique et les principes de base qui validaient leurs pratiques. Une logique qui, aujourd’hui encore, fragilise l’Europe en refusant obstinément d’augmenter la fiscalité des entreprises, et fragilise la société irlandaise en faisant supporter le fardeau de la dette bancaire par le secteur public.
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