L’auteur invité est Jean Carette, président d’Espaces 50+.
Les images défilent, intolérables de réalisme : chiens et chats abandonnés et euthanasiés dans un refuge privé pour animaux. Et chacun de s’apitoyer et de s’indigner : intolérable, il faut fermer ça ! À l’exception du propriétaire du commerce fort lucratif qui gère le macabre suivi de ces délaissements. On jette bien les jouets, et nos trottoirs sont souvent encombrés de meubles livrés aux poubelles. Pourquoi pas ces petites bêtes adorables, mais encombrantes ? Après tout, ce ne sont que des animaux, n’est-ce pas ?
L’émission se poursuit avec un reportage sur les conditions de vie dans un CHSLD confié au privé en partenariat. Les mêmes services que dans le public, mais 30% moins cher, claironne le promoteur qui s’y connait en rentabilité, avec le soleil en prime. La recette est simple : on baisse les salaires de 18$ à 13$ l’heure, on embauche des personnels inexpérimentés et non formés, on coupe les postes, on ne remplace pas en cas de congé ou d’arrêt de travail, on réduit les soins et les services. « C’est pas humain, pour celui qui travaille, ni pour le malade », déclare une résidente.
Mais le techno de l’Agence régionale qui surveille nous assure que tous les services sont donnés de A à Z, qu’il a vérifié tous les livres, qu’on peut lui faire confiance. Le pire, c’est qu’il a l’air d’y croire, alors que les témoignages sont aussi accablants que formels : entre les données statistiques sur le papier et la réalité sur le plancher, l’écart est béant. Avec la privatisation et les PPP, la dépendance devient un marché juteux, aux dépens des résidents et de leurs soins, de leurs droits, de leur dignité, aux dépens des employés sous-payés et vite épuisés.
Est-ce un hasard si les journalistes de l’émission Enquête ont programmé le même jour leur reportage sur la fourrière animale et celui sur le CHSLD ? Vieillir à rabais et mourir abandonné : même tristesse et mêmes silences passifs, même résignation et mêmes dégoûts, parfois, souvent, même négligence coupable et mêmes morts suspectes, même scandale et mêmes indignités. Promoteur aux poches remplies, technocrate satisfait : tout va pour le vieux, dans le meilleur des mondes…
On peut lire le texte au complet en allant sur le site d’Espaces 50+.
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