Standard & Poor’s vient de dégrader de deux crans la note de la Grèce, en raison, annonce-t-elle, de l’accroissement de la probabilité d’une restructuration de sa dette, prévenant qu’elle pourrait l’abaisser encore. Moody’s, l’autre agence membre de cet oligopole de la notation, a dit réfléchir elle aussi à une dégradation de la note du pays, qui pourrait baisser de plusieurs crans. Ces requins de la finance internationale sentent qu’ils sont proches du moment où leurs semblables pourront vraisemblablement participer au carnage : la privatisation du patrimoine économique de la Grèce. On parle d’un fabuleux trésor de dizaines de milliards $ dans le court terme…
Le ministère grec des Finances aura beau rejeter la nouvelle dégradation de la note du pays, jugeant qu’elle ne découlait d’aucune nouvelle information aggravant la situation de la Grèce, les rumeurs véhiculées par la presse ont tôt fait de confirmer le contraire. Le gouvernement grec a en effet annoncé la vente « immédiate » de participations de l’Etat dans la société de télécoms OTE (l’État grec y possédait encore 16% des parts), dans la Banque postale (34%), dans les ports du Pirée près d’Athènes et de Salonique (75%) et jusqu’à 40% des parts de la société publique d’eau de Salonique, où l’État détient encore 74%. Le gouvernement a présenté ce nouveau plan de redressement économique, favorable à l’accélération des privatisations, afin de satisfaire les bailleurs de fonds du pays.
Parmi les autres mesures budgétaires et fiscales annoncées figurent l’abaissement du nombre de contractuels de la fonction publique, l’augmentation du temps de travail des fonctionnaires à 40 heures par semaine au lieu de 37,5 heures, le durcissement des conditions d’obtention des allocations chômage, une réduction de certaines pensions de retraite complémentaires dans les caisses déficitaires ainsi qu’une contribution financière exceptionnelle des pensionnés au dessous de l’âge de 60 ans, l’abaissement du plafond d’exemption sur l’impôt sur le revenu, l’augmentation des taxes sur les signes extérieurs de richesse que sont les yachts, les piscines et les voitures de luxe, ainsi que des taxes sur le gaz, les boissons non alcoolisées, l’immatriculations de voiture, enfin certains produits qui bénéficiaient jusqu’à présent d’une TVA réduite à 13% vont rejoindre la liste commune à 23%.
On comprend aisément que devant cette avalanche de mesures d’austérité et de privatisation du gouvernement pour éviter une restructuration de la dette – qui est néanmoins inévitable et qui permettrait une contribution des institutions privées au redressement des finances publiques – les mouvements de grève se multiplient dans toute la Grèce. « Après un an (d’aide internationale), nous sommes hélas dans une situation pire, le chômage a explosé, les salaires sont au plus bas niveau et le pire c’est qu’il n’y a aucune perspective d’issue, » a indiqué à l’AFP Stathis Anestis, secretaire general adjoint de la GSEE, l’une des grandes centrales syndicales du pays. C’est la 2e grève générale depuis le début de l’année et la 9e depuis le début de la crise.
« Ça suffit, les possédants et les fraudeurs du Fisc doivent payer », « Non au bradage » indiquent-on sur les banderoles des manifestants. Bien sûr que les 50 à 70 milliards $ de recettes provenant des privatisations permettront d’abaisser de manière significative la dette de 340 milliards $ – 152 % du PIB de la Grèce. Mais le problème c’est que cette solution est socialement inacceptable. Les vrais responsables de la crise – les fraudeurs et les financiers qui ont abusé d’un pouvoir corrompu pendant le règne de la droite, ainsi que les privilégiés qui continuent à profiter de l’évasion fiscale – sont épargnés.
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