Inimaginables il y a seulement quelques semaines. Les États du capitalisme anglo-saxon, les plus fervents défenseurs du libéralisme, se mettent à nationaliser les banques. Pour moins que ça, on se serait fait traiter de fou il y a peu de temps. Et pourtant, la folie spéculative dont ont su faire preuve les banques d’affaires, hedge funds et fonds de private equity obligent maintenant ces États à intervenir au nom de l’intérêt général pour éviter les excès de ce capitalisme de casino.
Devant la panique actuelle des marchés boursiers, les commentateurs parlent « d’irrationalité »! Mais ne serait-ce pas plutôt l’inverse : l’effondrement actuel de la finance spéculative serait le comportement rationnel d’acteurs économiques prenant tout à coup conscience de l’irrationalité d’un système financier reposant sur une immense bulle spéculative, déconnecté de l’économie réelle et ayant acquis son indépendance face aux institutions régulatrices. Maintenant les États réparent les pots cassés.
La semaine dernière, le Congrès des États-Unis a approuvé un plan de sauvetage qui permet au Trésor d’investir 700 milliards $US pour débarrasser les banques de leurs actifs « toxiques » à l’origine de la crise. En échange de cette action il obtiendra des titres de propriété dans les banques aidées.
Aujourd’hui, c’est au tour du gouvernement britannique d’y aller d’un plan de 500 milliards de livres sterling :
« Un package de 500 milliards de livres (635 milliards d’euros) a été dévoilé par Gordon Brown pour restaurer la confiance dans le système financier ». « Nous avons donné l’exemple au monde aujourd’hui avec une proposition pour restructurer notre secteur bancaire », a assuré le Premier ministre britannique, en présentant ce plan de sauvetage bien supérieur à tout ce qui avait été imaginé. »
Ce qui est nouveau, c’est que le gouvernement britannique va apporter sa garantie à des emprunts obligataires, jusqu’à une hauteur de 250 milliards de livres, afin d’aider les banques à se refinancer à moyen terme. Devant le manque flagrant de liquidité du marché, l’État est dans l’obligation d’intervenir directement dans le financement des institutions financières.
En contrepartie de cette prise de risque massive, le gouvernement de Gordon Brown impose des conditions. L’État, futur actionnaire majeur de certains établissements va peser sur la politique de dividende et les rémunérations des dirigeants et demander un engagement fort de prêter aux petites entreprises et aux acquéreurs immobiliers.
Dans une tribune publiée dans le quotidien britannique The Times, aujourd’hui (vendredi), le premier ministre britannique Gordon Brown a appelé les gouvernements du monde entier à adopter une initiative « révolutionnaire » pour secourir le système bancaire, calquée sur le plan britannique. « Les Les vieilles solutions d’hier ne nous seront pas utiles pour les défis d’aujourd’hui et de demain. Donc, nous devons abandonner les dogmes périmés et adopter de nouvelles solutions. »
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