On en a peu parlé dans les médias, bien que la nouvelle aurait servi de toile de fond au dernier roman De John Le Carré. Cette nouvelle a d’abord été au cœur d’un article paru dans The Observer, du groupe médiatique de gauche The Guardian. Sur la base d’une vaste enquête menée par diverses polices du monde, l’article suggère que l’argent de la drogue aurait aidé les banques à passer à travers les conséquences de la crise de 2008. Un cas précis est dévoilé : 378 milliards $ blanchis par une des principales banques américaines, Wachovia, filiale de Wells Fargo, au bénéfice des cartels de la drogue mexicains.
L’effondrement des marchés, le manque de liquidités et le besoin impérieux de nouveaux capitaux pour redresser les comptes déprimés par la folie spéculative auraient rendu les banques moins sourcilleuses sur l’origine des fonds. C’est d’ailleurs ce que nous dit Jean-François Gayraud dans un nouvel ouvrage La grande fraude. Crime, subprimes et crises financières : il « …suggère que lors des crises financières, les organisations criminelles connaissent plutôt une expansion, que les marchés financiers sont vulnérables à la criminalité, que les fraudes financières se produisent par vague à des moments précis et qu’elles ne sont pas le fruit du hasard ». Selon l’auteur, qui est commissaire divisionnaire – une particularité de l’administration française de la justice -, « les escrocs et les fraudeurs issus de l’intérieur des entreprises sont les plus dangereux ».
Mais Wachovia s’en est bien tiré, en payant une petite amende de 160 millions $ pour avoir autorisé des transactions liées au trafic de drogue. Les institutions financières en général s’en sortent toujours bien depuis qu’elles font, en pratique, la loi et l’ordre de la nouvelle oligarchie mondiale. Prenons l’exemple récent des États-Unis : les profits des entreprises de ce pays ont connu, au dernier trimestre de 2010, la plus forte croissance trimestrielle depuis 1950, avec un gain de 36,8 %. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que les profits des institutions financières augmentaient de 57,7 milliards $ alors que ceux des entreprises non-financières baissaient de 10,1 milliards ! Bien que l’industrie financière ne représentait que 10% de la valeur ajoutée aux États-Unis au 4e trimestre, elle accaparait 30% des profits totaux des entreprises.
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