Les Québécois connaissent bien Développement et Paix (D&P). Cet organisme d’aide au développement fait partie, avec Oxfam et quelques autres, du petit groupe des grands bénéficiaires de nos dons annuels de solidarité avec les populations du Sud. D&P fait partie de la famille, puisqu’il a été créé par l’église catholique et qu’il a adhéré à la vision progressiste de ceux qui, même s’ils ne croient plus nécessairement à cette église, portent toujours ces valeurs de justice.
Comme nous le rappelle le conseil d’administration du GESQ (le Groupe d’économie solidaire du Québec), qui connaît très bien D&P parce que « dans son travail avec des groupes de promotion de l’économie solidaire, notamment en Afrique et en Amérique latine, depuis plus de 10 ans, […] il a pu bénéficier d’une collaboration sans faille de D&P. Et cela dans des activités qui nécessitaient un partenariat où personne n’impose à personne sa morale, sa culture, sa confession religieuse. Parce que la coopération internationale exige aujourd’hui encore plus qu’hier d’aménager des espaces de dialogue interculturel dont un des principes fondamentaux est le pluralisme. C’est la condition première de l’efficacité d’une coopération Nord-Sud dont un des défis et non le moindre est la réciprocité. »
Or, cette vision du développement pourrait bientôt faire partie de l’histoire passée de D&P si les chrétiens conservateurs canadiens, adeptes de groupes pro-vie, moussent une campagne de dénigrement contre elle parce que D&P finance des partenaires qui ont dans leur programme une approche pro-choix sur la santé des femmes. S’ils réussissent à prendre le contrôle de l’organisation et à imposer leur propre vision fondamentaliste, c’est toute la philosophie de l’économie solidaire de proximité qui risque d’en pâtir. Mais l’opposition à cette prise de contrôle s’organise. Un site Internet a été créé pour diffuser les divers messages d’appui et mieux informer le public sur les enjeux de cette attaque de la droite religieuse.
Dans un long billet sur son blogue, Louis Favreau met bien en perspective les deux visions qui s’affrontent à D&P, même s’ils se réclament tous de l’Église. Après que la droite politique canadienne (le gouvernement Harper) ait coupé les vivres de nombreuses associations (groupes de femmes, organisations de coopération internationale comme Kaïros, Droits et Démocratie, Alternatives…), voilà maintenant la droite religieuse qui se décide à se salir les mains en besognant pour éliminer les progressistes au sein d’une organisation phare.
Il faut signer et faire signer la pétition adressée à Michael Casey, directeur général de Développement et Paix, pour réclamer qu’il s’appui « sur la population qui est attachée aux valeurs fondamentales de justice sociale et de mettre de côté la peur pour affronter le conservatisme politique qui mine notre société et nos églises. »
Comme le réclame plusieurs, la coopération internationale exige aujourd’hui, encore plus qu’hier, de pouvoir aménager des espaces de dialogue interculturel sur la base du pluralisme. C’est la condition première de l’efficacité d’une coopération Nord-Sud dont un des défis et non le moindre est la réciprocité. L’appel de 42 scientifiques en appui aux travail de D&P va en tout cas en ce sens.
Si vous allez vers un virage chrétien de droite je cesserai de ramasser les timbres que je cumule jour après jour et que je remet à un de vos membres.