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Le samedi 23 avril 2022

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Le livre vert! La révolution verte reste à faire

Communiqué – Lorsque des personnes ont faim et qu’elles patientent, il faut leur servir un repas consistant sinon il ne faut pas se surprendre de les entendre. C’est exactement ce qui s’est passé depuis la sortie du Livre vert où nombre de groupes ont témoigné de leur appétit non comblé. Pourtant, si quelqu’un avait faim autour de la table, c’est bien l’Union paysanne qui, il y a bientôt 10 ans, avait tiré la sonnette d’alarme et annoncé le cul-de-sac du modèle agricole actuel. Elle a vu ses prédictions se réaliser dont deux des plus importantes : explosion de l’Assurance Stabilisation des Revenus Agricoles et les crises porcines!

A ses débuts, malgré les avis et les rencontres, le gouvernement aimait bien voir l’Union paysanne comme un amusant groupe de pression. Il a fallu le rapport Pronovost qui, en reprenant les constats et les solutions de notre organisation, nous donna un statut d’intervenant agricole officiel. Le rapport répéta, mais avec études et consultations à l’appui, que notre agriculture manque d’oxygène, n’est pas assez diversifiée en plus d’avoir perdu tout sens d’orientation. Exactement ce qu’avait décrit l’Union paysanne 10 ans plus tôt.

En fait, le Ministère de l’Agriculture des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec ainsi que les ministres qui s’y sont succédés ont tout simplement confié la boussole de l’agriculture à ce qui était un des plus importants lobbies du Québec : l’Union des Producteurs Agricoles (UPA). Dans les 20 dernières années, le président de l’UPA pouvait appeler quasi quotidiennement tantôt le ministre lui-même tantôt des sous-ministres afin de….discuter d’agriculture. Phénomène sans pareil dans aucun autre ministère de l’appareil gouvernemental.

L’État alla même confier les clés de la banque, la Financière Agricole, au syndicat tout puissant. Ce genre de régime laisse des traces et à fini par devenir la «culture» même du ministère. Les agriculteurs aimaient d’ailleurs dire que le MAPAQ était une succursale de l’UPA. Une prise de conscience et un changement de culture du ministère devenait une condition de base à toute évolution en agriculture au Québec.

Prise de conscience : Pronovost

C’est le rapport Pronovost qui constitue la prise de conscience du ministère avec un chapitre complet sur l’érosion de la gouvernance en agriculture au Québec. Rien n’y échappe : le ministère lui-même, la Financière agricole et le monopole de l’UPA

Ses écrits sont directs et cinglants: «Le MAPAQ n’est plus perçu comme une organisation proactive ayant le leadership nécessaire pour dégager, en concertation, une vision mobilisatrice de l’agriculture et de l’agroalimentaire.

«On l’accuse souvent d’être prisonnier de ses groupes de pression. Pour bon nombre de personnes, le MAPAQ gouverne peu.»

«Toutefois, dans une société démocratique, on peut difficilement justifier le maintien d’un régime qui oblige un groupe de personnes à adhérer à une structure unique d’association, régime qui, au demeurant, ne prévoit aucun dispositif pour vérifier la volonté des personnes d’y adhérer ou d’y maintenir leur participation.»

Le MAPAQ part de loin

Le livre Vert déposé mardi dernier par le ministre Corbeil témoigne qu’un changement de culture s’est amorcé car il introduit la population québécoise dans la réflexion agricole comme l’a fait l’Union paysanne il y a 10 ans. Les lobbies agricoles ne pourront plus se passer de la population comme ils ont tenté de le faire depuis 20 ans. L’agriculture est un bien collectif tout comme le territoire ou les ressources qu’utilisent largement les agriculteurs.

L’Union paysanne croit même qu’une large partie de la lutte menée aux transnationales, à l’OMC ou à l’agrobusiness se situent dans la capacité du monde agricole de s’allier avec la population et de faire front commun. En ce sens, le virage pris par le MAPAQ constitue un premier pas d’un très long changement culturel. N’oublions pas que la reprise de contrôle par le MAPAQ du conseil d’administration de la Financière agricole témoigne lui aussi que ce ministère ne veut plus être une succursale de l’UPA.

Dans l’attente de ce printemps culturel qui permettra à notre agriculture de relever la tête, les fermes continueront de disparaître et nous aurons sacrifié une génération complète d’agriculteurs en raison du manque de vision et d’écoute de l’État comme de l’UPA.

L’Union paysanne n’a pas d’autre choix que d’essayer de tirer le meilleur de ce livre vert et elle mettra toute son énergie pour que l’éléphant n’accouche pas d’une souris. Le ministre Corbeil doit être conscient que nous sommes affamés et qu’il se doit de servir aux agriculteurs et à la population du Québec une première politique agricole du 21ième siècle.

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