L’Europe était jusqu’à maintenant en avance sur les autres pays dans sa volonté politique d’intervenir dans la lutte contre les changements climatiques. Malgré les ratés qui sont rapidement apparus dans la mise en place et le fonctionnement du premier marché régional d’échange des droits d’émission de GES, l’Europe a joué un rôle pionnier d’apprentissage de ce nouveau secteur d’activités. Elle a donc été confrontée avant les autres aux nouveaux enjeux qui y sont associés, d’où l’émergence de nouvelles propositions de réglementation qui provoquent des ondes de choc puissantes.
Dans un contexte où des zones économiques telles que l’Union européenne sont plus proactives dans ce domaine que la plupart des autres pays, certains observateurs pensent que les pays européens pourraient, dans une période pas très lointaine, imposer des droits compensateurs aux produits provenant de pays qui n’adhèrent pas ou qui ne respectent pas le protocole de Kyoto, selon le principe que ces entreprises profitent de subventions. En effet, les prix de l’énergie fossile dans ces pays n’intègrent pas les coûts écologiques de l’émission de CO2, qui sont donc assumés par les populations et les gouvernements. Les entreprises européennes sont ainsi désavantagées. Comme l’affirme M. Gilles Briatta, secrétaire général des affaires européennes, lors d’un débat sur les impacts de la présidence française de l’Union européenne, « Nous essayons de comprendre les industriels qui, tous, reconnaissent cet enjeu majeur. Les risques de délocalisation sont réels et il faut en tenir compte, sinon, le texte ne pourra pas être adopté. Ce dernier sera probablement le texte législatif le plus visible de la présidence française et devrait commencer à être débattu dès le Conseil européen d’octobre. »
Encore très récemment, le Président Sarkozy s’est lui-même dit mardi favorable à une « taxe carbone » qui :
« …permettrait de faire participer les importations au financement de notre protection sociale et de lutter contre le dumping environnemental. Je ne verrai que des avantages à une taxe carbone qui permettra de faire participer les importations au financement de notre protection sociale ». […] « Il y a des pays qui ne respectent aucune des règles environnementales que nous imposons à nos entreprises. Et bien ces pays paieront à ce moment-là, dans le cadre de la taxe carbone que nous aurons, une taxe qui est parfaitement normale », a-t-il ajouté.
On aurait pu penser que l’arrivé au pouvoir, en Australie comme aux États-Unis, de chefs de gouvernements qui se sont engagés à changer radicalement la position de leur pays dans la lutte aux changements climatiques, aurait amoindrit cette volonté européenne, que plusieurs assimilent à de nouvelles barrières protectionnistes. Mais on assiste plutôt à une surenchère. En mars dernier, le Représentant démocrate John B. Larson a déposé au Congrès des États-Unis un projet de loi de America’s Energy Security Trust Fund Act of 2009. Le projet propose une série de mesures permettant de diminuer la consommation d’énergie fossile, dont « an equivalente tax on the imported carbon intensive goods ». Sur ce point, le projet de loi vise explicitement, en prévision des négociations qui débuteront à Copenhague, à faire pression sur les pays émergents pour qu’ils s’engagent eux aussi à mettre en place des mesures nationales pour réduire leurs émissions de GES.
Je pense que l’attitude européenne dans ce dossier particulier est totalement compréhensible. Les pays qui n’appliquent pas Kyoto ou qui s’en moquent le font parce qu’ils pensent qu’ils ne feront pas l’objet de mesures de rétorsion. Ce sont des resquilleurs typiques.
Un tel tarif devrait pouvoir envoyer un signal à ces récalcitrants à internaliser leur carbone plutôt que de donner de l’argent aux Européens pour qu’ils le fassent à leur place.
Les européens auraient totalement raison d’imposer cette nouvelle taxe. Les économistes imbéciles qui prétendent que cette taxe serait protectionniste affirment dès lors que la possibilité de ne pas respecter l’environnement et de ne pas respecter ses engagements internationaux fait partie des « avantages comparatifs » de certains pays. Quelle irresponsabilité!!!! Quel dogmatisme pedant!!
Au contraire, ne pas respecter son environnement et ses engagegements internationaux constitue plutôt une forme de dumping environnemental et lorsque l’on subit du dumping on utilise une taxe compensatoire.
L’UE aurait 100% raison de le faire et d’ailleur l’OMC a affirmé que ce type de taxe ne serait pas du protectionnisme (si elle est imposé de façon honnête évidemement).