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Le samedi 23 avril 2022

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Le gouvernement du Québec tarde à fait des choix stratégiques structurants

Communiqué de l’IREC. L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) lance aujourd’hui sa septième note d’intervention intitulée L’énergie de la biomasse : quelle stratégie pour le Québec? Tout en fournissant une remarquable synthèse de cette problématique, les auteurs posent des questions cruciales pour l’avenir de la stratégie de reconversion verte. « Le Québec a tout intérêt à se doter d’une stratégie fine consacrant une place névralgique à l’exploitation de la biomasse dans une éventuelle politique d’indépendance énergétique par le recours aux énergies renouvelables. Il dispose de ressources forestières fabuleuses et un immense territoire susceptible d’être consacré, sans concurrence à la production alimentaire, au développement de ces énergies. Pourtant, le gouvernement ne s’intéresse qu’à la biomasse résiduelle agricole ou forestière et laisse en rade le développement des plantations énergétiques et, du coup, prive de nombreuses collectivités d’un puissant instrument de revitalisation économique », s’interrogent les économistes Gilles L. Bourque et Robert Laplante.

Ces derniers ont également constaté que le développement de la production d’éthanol cellulosique à partir de déchets organiques que veut privilégier le gouvernement comporte d’importants dilemmes stratégiques. « La destination des matières organiques issues de la collecte urbaine doit-elle être laissée au libre choix des filières et de leurs promoteurs, soit celle du biogaz soit celle de l’éthanol? soulignent-ils. La tâche est loin d’être accomplie. Les choix technologiques, les retombées économiques, les objectifs environnementaux et les contraintes industrielles et commerciales doivent être traités non pas à la pièce, mais dans le cadre d’une approche globale ».

La filière des cultures énergétiques

Les deux économistes se sont particulièrement intéressés à la filière des cultures énergétiques, soit la plantation de végétaux pour la production de biocarburants ou exploités directement pour leur teneur en énergie en raison de leur fort potentiel. « La culture intensive en courtes rotations (CICR), qui utilise des plantes ligneuses, fait usage d’essences à croissance rapide comme le saule ou le peuplier hybride, expliquent-ils. Elle constitue un système de production végétale le plus performant en matière de séquestration de CO2. Le ratio énergétique du maïs-grain est de 1 pour 1,7 alors que celui du saule est de 1 pour 20. Donc pour chaque unité d’énergie consommée pour la culture et la transformation du copeau de saule, on obtient 20 unités d’énergie renouvelable ».

Un effet économique structurant

De plus, la filière agroénergétique possède un très fort potentiel structurant pour le développement local et régional. Lorsque l’on compare les retombées de certaines filières d’énergie issue de la biomasse à celles du récent projet d’énergie hydroélectrique Péribonka IV, par exemple, les retombées locales maximales seraient près de deux fois plus importantes « En effet, disent-ils, comme cette filière suppose un usage renouvelé et extensif des territoires, elle permettrait d’atteindre des objectifs d’occupation et de revitalisation de territoires fragilisés tout en favorisant l’émergence d’une filière industrielle et énergétique respectueuse de l’environnement. On estime à environ 300 000 hectares les superficies de terres en friche sans potentiel de production alimentaire qui pourraient être mises en production, indiquent les chercheurs. Elles représentent un potentiel de 30 000 GWh d’énergie produite (six millions de tonnes de biomasse sèche) et neuf millions de tonnes de CO2 évitées. Cette filière pourrait ainsi venir à la rescousse d’une agriculture en difficulté en offrant de nouvelles sources de revenus complémentaires utiles à la diversification des fermes et en créant de nouveaux espaces d’initiative pour les agriculteurs, les entrepreneurs et les divers intervenants du développement local et régional ».

Le gouvernement aurait intérêt à développer la filière éthanol-granules à partir des plantations énergétiques pour ainsi obtenir des effets structurants sur l’occupation du territoire et la relance des villages dévitalisés tout en améliorant la balance commerciale du Québec. Selon les deux chercheurs de l’IRÉC, « cette lacune vient d’une analyse incomplète des enjeux globaux liés à la reconversion verte ».

Un soutien gouvernemental approprié

« Cependant, indiquent Gilles L, Bourque et Robert Laplante, tout n’est pas rose. Les équipements de combustion devraient être améliorés, les volumes actuellement utilisés sont encore faibles et ne permettent guère les économies d’échelle, des investissements importants sont requis aussi bien pour améliorer les technologies de production et de transformation que pour financer les plantations à grande échelle. Bref, comme pour les autres formes d’énergie renouvelable, un effort est requis pour stimuler le développement et atteindre les standards qui rendront cette forme d’énergie compétitive avec les énergies fossiles. Un soutien gouvernemental approprié permettrait d’atteindre rapidement le seuil de viabilité. Ne nous trompons pas. La course est lancée et de nombreux États ont déjà entrepris de stimuler son émergence ».

Biomasse forestière

Enfin concernant la biomasse forestière, Québec a procédé à des appels d’offres pour la récupération en forêt et l’usage de la biomasse forestière accompagnés d’un nouveau programme de production d’électricité à base de biomasse forestière à 11 cent le kilowattheure qui semble taillé sur mesure pour les industriels forestiers. « La concurrence va s’accroître pour l’appropriation de la ressource alors même que les premiers soumissionnaires commencent à peine à plancher sur des projets de mise en valeur, les compagnies papetières vont faire des efforts considérables pour s’assurer une plus grande mainmise sur cette biomasse », concluent les chercheurs.

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