Il n’y a pas un jour qui passe sans que le gouvernement Harper chante les mérites de l’exploitation des sables bitumineux pour l’ensemble des Canadiens. Même Ignatief, pendant la dernière campagne électorale, a entonné le même refrain dans l’espoir d’aller y chercher un impossible appui électoral. En effet, les provinces de l’Ouest productrices de l’énergie sale savent très bien qu’elles ne peuvent poursuivre impunément ce que certains comparent à « un crime contre l’humanité » qu’en appuyant le seul parti politique fédéral négationniste, hostile à toute entente internationale de lutte contre le réchauffement.

Et le gouvernement de Stephen Harper est prêt à tout pour que l’exploitation des sables bitumineux se poursuive sans contrainte. Y compris à mentir impunément à la population canadienne et à la communauté internationale. Le Canada aurait reconnu il y a quelques semaines qu’il avait délibérément exclu, dans son rapport sur les changements climatiques envoyé à l’ONU, des données indiquant une augmentation, entre 2008 et 2009, de 21 % de la production de GES découlant de l’exploitation des sables bitumineux. Dans la réalité, la part de l’émission de GES attribuable aux sables bitumineux serait passée de 5 % à 6,5 %, soit autant que toutes les voitures sur les routes canadiennes.

Pire : l’intensité de la production de CO2 découlant des sables bitumineux aurait augmenté de 14,5 % en 2009, malgré que la seule cible poursuivie par Harper aurait été justement de diminuer cette intensité, soit la quantité de CO2 par baril de pétrole. Et on prévoit que la production globale serait multipliée par trois d’ici 2020.

« Mainly the result of a new integrated mining and upgrading facility as well as a new integrated in-situ bitumen extraction and upgrading facility, that were not operating at peak efficiencies, » affirme Greg Stringham, de l’Association canadienne des producteurs de pétrole.

Selon le même journaliste qui aurait dévoilé le mensonge du rapport Canada à l’ONU, le gouvernement fédéral songerait à embaucher une firme de relations publiques professionnelle afin de préparer une vaste campagne pour redorer l’image des sables bitumineux des provinces de l’Ouest. L’implantation d’un groupe de travail basé en Grande-Bretagne et l’organisation de voyages de leaders internationaux au Canada pour faire la promotion de l’industrie.

Par ailleurs, Louis-Gilles Francoeur signalait dernièrement la publication d’un rapport du Conference Board du Canada qui imputerait « au manque de coordination entre le fédéral et les provinces le mauvais bilan canadien en matière d’émissions de GES ». Mais pour Clare Demerse, de l’Institut Pembina, interviewé dans l’article de M. Francoeur, le problème central c’est d’abord et avant tout l’absence d’un plan fédéral de réductions des GES.