Le 14 juin, l’Assemblée nationale de la France a voté à une majorité de 477 votes pour et 2 contre la résolution demandant au gouvernement de présenter à ses partenaires européens un projet d’instauration d’une taxe de 0,05 % sur toutes les transactions financières en Europe, « ou à défaut d’abord au niveau de la zone euro ou d’un groupe de plusieurs États membres de l’Union ».
Est-ce une coïncidence, se demandent les responsables d’Attac en France, si à peine que Christine Lagarde abandonne le siège de ministre des Finances pour sa tournée mondiale de candidature au FMI, que le gouvernement français s’engagent enfin pour une taxe Tobin européenne ? Proposée initialement par le PS et amendée par l’UMP, la résolution recommande la mise en place d’une taxe sur les transactions financières (TTF) européenne pour financer la lutte contre la pauvreté et pour le changement climatique. Son taux, quoique deux fois plus faible que celui qu’Attac recommandait (0,1%), aurait selon eux un impact sur le volume de la spéculation financière.
Mais si d’autres économistes estiment qu’une telle taxe serait vraisemblablement de peu d’effet sur la spéculation financière, reste que même à un taux faible de 0,05 % elle pourrait rapporter jusqu’à 200 milliards d’euros, de quoi améliorer sensiblement la capacité des États à agir dans un contexte de crise des finances publiques. Ce qui est sûr, et Attac l’a dit et répété ad nauseum, c’est d’abord au niveau européen que le projet de TTF est politiquement le plus pertinent. Au niveau national, on peut aisément comprendre les craintes fondées sur les fuites de capitaux, alors qu’au niveau du G20, l’hostilité des pays tels que les États-Unis, le Canada et plusieurs pays émergents rendent le projet assez illusoire.
En Europe, grâce au formidable travail réalisé par les réseaux nationaux du mouvement Attac, des étapes cruciales ont été franchies : outre la résolution de la France, l’Allemagne aurait déjà inscrit les recettes de cette taxe à son budget 2012 ! Nicolas Sarkozy doit proposer, dès le début 2012, à tous les pays de l’Union européenne d’appliquer simultanément cette taxe. Face à la montée des résistances contre l’austérité dans les pays européens, même les élus de droite ne peuvent plus nier qu’il faut brider la finance et lui faire payer les dégâts qu’elle a causés.
Heureusement, ce mouvement européen de résistance et de proposition est relayé sur le plan international par un allié de taille : la Confédération syndicale internationale (CSI) s’est fait le relaie de cette cause auprès des principales institutions internationales, y compris le G20, le FMI et la Banque mondiale, ainsi que dans le cadre des négociations sur le climat à Durban, en décembre, et au Sommet Rio+20, qui se tiendra l’année prochaine au Brésil. L’appel est soutenu par un vaste éventail d’économistes, de groupes pro-développement, écologistes et du domaine de la santé et suscite une dynamique politique croissante, selon la CSI.
Alors que le chômage s’étend à la suite de la crise financière mondiale et que, partout dans le monde, des travailleuses et des travailleurs refusent que la prochaine étape de renflouement d’un système financier de plus en plus bancal passe par davantage de réductions des dépenses publiques, la CSI invite les décideurs gouvernementaux à conclure un accord pour la mettre en œuvre au plus vite. Selon la CSI, un vote unanime du parlement brésilien aurait récemment eu lieu en faveur d’une telle taxe.
Rappelons que, d’après l’OCDE, les transactions spéculatives des banques, y compris sur des produits financiers dérivés, se sont montées à 605 billions (milliers de milliards) de dollars US en 2010, soit près de 10 fois le PIB mondial. Pour la plupart, ces transactions ne sont pas imposées.
« La spéculation a été l’un des principaux facteurs de l’effondrement financier de 2008, pourtant, alors que le secteur ne cesse de prendre de l’ampleur, il n’apporte rien aux véritables économies des gouvernements nationaux », a expliqué Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.
Reste à bien identifier à quoi seront affectés les fonds générés par cette taxe.
Surprise: L’État du Vatican souhaiterait que cela serve à des mesures pour contrer le réchauffement climatique. On ne va pas jusqu’à remettre radicalement en question les structures du péché géopolitique collectif en cette ère post-messianique.
Cela nous renvoie au réglement de la « dette écologique » par les nations industrialisées qui ont profité de la dégradation de la nature et par les capitalistes financiers qui se préparent à faire leurs choux gras de la « Green Economy », basée sur deux grandes vanités: le bio-ingeneering et le geo-ingeneering.
Le réseau des ATTAC propose des pistes de solution depuis une bonne dizaine d’années. En avons-nous encore pour une génération avant que l’humanité ne s’y mette résolûment? Sera-t-il trop tard pour nous éviter… la « fin du monde » tel que nous le connaissons? je le crains fort…
Au « marché total » la Terre opposera son « refus global » d’une humanité en mal de faux-fuyants et finira bien par se guérir du genre humain, en cette ère oléo-anthropocène.
Entre une gauche et une droite qui ne s’assument ni l’une mi l’autre, il reste à inventer avec les gros bon sens populaire et paysan non pas un centrisme éculé, mais bien une radicalité du « juste milieu » qui nous impose la pauvreté joyeuse, la simplicité volontaire et surtout la « nouvelle économie » basée sur la régénération des biotopes et de leur productivité, la décroissance de la consommation effrenée et de l’exploitation débridée, de la marchandisation et de la privatisation des ressources essentielles à la vie: L’eau, la biodiversité naturelle et culturelle, la connaissance, le sol arable et ce qui l’engendre: la forêt climacique.