L’auteur invité est Attac-France.
L’Union européenne et le FMI ont mis le couteau sous la gorge du Parlement grec : il doit voter en urgence le troisième plan d’austérité et de privatisations en un an, plus draconien encore que les précédents. Faute de quoi on coupera les vivres à la Grèce qui ne pourra plus payer ses fonctionnaires.
Le message est clair : la finance européenne n’a aucune intention de céder face aux mouvements sociaux qui se développent en Europe du sud, à l’origine de manifestations spectaculaires ce week-end en Espagne et en Grèce.
Les gouvernements grec, espagnol ou portugais sont enjoints d’écraser sous une austérité implacable leurs peuples qui s’indignent. Il faut faire un exemple en Grèce, pour dissuader les autres peuples de lever la tête.
Chacun sait pourtant que la dette publique de la Grèce est insoutenable : tous les observateurs, et même les économistes des banques, le reconnaissent. Les politiques d’austérité enfoncent la Grèce – mais aussi l’Espagne, l’Irlande, le Portugal… – dans une crise sociale dramatique sans offrir aucune perspective de stabilisation économique.
Les coupes budgétaires à répétition ne permettent pas de réduire le déficit, car plus les dépenses publiques baissent, plus les recettes baissent elles aussi à cause de l’aggravation de la récession.
C’est pourquoi les « élites » européennes sont divisées.
Le gouvernement allemand est pressé par une opinion publique qui ne comprend pas pourquoi seuls les contribuables européens sont sollicités. Il demande que les créanciers privés de la Grèce – en majorité des banques européennes – prennent une partie du fardeau. Un tel rééchelonnement partiel de la dette ne viserait pas à épargner le peuple grec ; mais plutôt à rendre « durable » la cure d’austérité qui lui est imposée, en évitant un effondrement à court terme.
Mais, sous l’injonction de Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, et de John Lipsky, le directeur général adjoint du FMI, l’Union européenne a mis son veto à ce modeste coup de pouce proposé par Berlin. Lipsky a sermonné les dirigeants allemands, en traitant « d’enfantillages improductifs » les discussions autour d’une contribution du secteur privé.
Nicolas Sarkozy a soutenu sans conditions la ligne dure de la Banque centrale européenne (BCE) et du FMI qui consiste à aller tout de suite à l’épreuve de force avec les mouvements de résistance.
Ce choix, s’il était confirmé, pousserait la Grèce au défaut, et rendrait inévitable une crise bancaire et financière majeure à court terme. Aveuglement dogmatique ou bluff cynique ? Il s’agit plutôt d’une véritable guerre déclarée par la finance à l’Etat social en Europe, où la Grèce est le premier maillon de la chaîne.
Face à cette déclaration de guerre, les mouvements sociaux européens doivent décréter une mobilisation générale en soutien au peuple grec. Au-delà de la solidarité internationale, il s’agit d’une cause immédiatement commune : la défaite du peuple grec rendrait plus difficile la résistance espagnole et ouvrirait la voie à la généralisation des plans d’hyper-austérité que veut imposer le pacte pour l’euro, dont les principaux instruments seront votés jeudi au Parlement européen.
Attac France, avec le réseau des Attac d’Europe qui s’est réuni en Grèce les 18 et 19 juin, exprime son soutien et sa solidarité vis-à-vis des mouvements sociaux et les citoyens indignés d’Europe.
Avec eux, Attac exige la mise en place d’un audit citoyen des dettes publiques, qui montrera le caractère illégitime d’une large partie de ces dettes et ouvrira la voie à leur dénonciation. Les peuples n’ont pas à payer la faillite de la finance.
Attac organise le jeudi 23 juin à Paris une réunion publique avec des représentants des partis politiques de gauche présents au Parlement européen, pour dénoncer le pacte pour l’euro et débattre des alternatives à l’hyper-austérité et à la dictature de la finance.
Pour lire le texte de référence, on va sur le site du journal Le Monde
Discussion
Pas de commentaire pour “Pour la mise en place d’un audit citoyen des dettes publiques”