Bonne nouvelle pour les mouvements citoyens qui, devant les liens trop étroits entre l’État québécois et les divers intérêts corporatifs et mafieux, sont aujourd’hui les seuls à s’opposer au vol de nos ressources. La Cour supérieure du Québec a rejeté la poursuite en diffamation intentée par Pétrolia contre le porte-parole de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, Ugo Lapointe, et le journal Le Soleil.
Accusant Ugo Lapointe d’avoir tenu des propos diffamatoires, Pétrolia demandait une somme de 350 000 $ en dommages moraux et exemplaires. Hugo Lapointe avait affirmé, avec raison, que Pétrolia pratiquait le « vol à petite échelle, qui ouvre la porte à du vol à grande échelle », en faisant référence aux ressources exploitées et au seuil de redevances que la compagnie doit verser au gouvernement. La juge Claudette Tessier-Couture mentionne plutôt que par cette poursuite, Pétrolia ne cherchait pas une compensation financière, mais bien à faire taire une opinion contraire à la sienne. « Par la procédure entreprise, Pétrolia a voulu faire taire la Coalition, bâillonner la liberté de presse et, en demandant une conclusion solidaire, on veut ainsi s’assurer de « contenir » le journal Le Soleil », peut-on lire dans le jugement rendu par la Cour supérieure. Voir le jugement complet sur le site de Vigile.
Deux autres bonnes nouvelles, toujours dans le domaine de l’énergie : d’une part, il faut se réjouir du départ du président de Junex, Jean-Yves Lavoie, du comité chargé de mener les travaux du processus d’évaluation environnementale stratégique de l’industrie du gaz de schiste. Il a dit s’être retiré pour ne pas nuire à la crédibilité du comité !!! Ancien ingénieur pétrolier de la Société québécoise d’initiatives pétrolières, une société d’État autrefois chargée de vérifier le potentiel en hydrocarbures puis dissoute par les Libéraux, M. Lavoie a utilisé ses connaissances d’initié pour mettre la main sur des ressources considérables au Québec. Le Québec n’a rien à envier aux Énarques de l’ancien régime soviétique qui ont fait main basse sur le pétrole… D’autre part, le gouvernement Charest a lui aussi voulu donner un peu de crédibilité à sa démarche en nommant un représentant du milieu environnemental au comité chargé de mener les travaux. François Tanguay, qui a été directeur de Greenpeace pour le Québec, cofondateur des Amis de la Terre, porte-parole de la Coalition québécoise du bois, régisseur à la Régie de l’énergie pendant 10 ans et président du conseil d’administration de l’Agence d’efficacité énergétique, apportera une vision plus crédible à ce processus d’évaluation environnementale.
Mais il faudra plus pour donner la crédibilité voulue à ce processus. Il y faut d’abord la voix de ceux qui s’opposent à l’industrie, qui représentent la majorité de la population faut-il le rappeler. Et, comme le rappelle Karel Mayrand, de la Fondation David Suzuki, il faut que le gouvernement s’engage à davantage de transparence dans le processus d’évaluation. C’est un minimum.
Mais il y a aussi de moins bonnes nouvelles : par exemple, la déclaration du président de Gastem qui affirme vouloir poursuivre son objectif de compléter des forages de prospection pour la découverte de gaz naturel conventionnel aux îles-de-la-Madeleine. Dans un billet paru sur le site Presse-toi à gauche !, Raymond Gauthier présente ainsi le dirigeant de Gastem :
« Député d’Abitibi-Est de 1985 à 1994, il a d’abord été ministre délégué aux Mines dans le cabinet Bourassa (12 décembre 1985 au 26 mars 1986), puis ministre délégué aux Mines et aux Affaires autochtones (26 mars 1986 au 11 octobre 1989), puis ministre délégué aux Mines et au Développement régional (11 octobre 1989 au 5 octobre 1990) et enfin ministre du Revenu (5 octobre 1990 au 11 janvier 1994). Il ne s’est pas représenté en 1994. Pendant ces 8 années de loyaux services, il a appris et préparé le terrain pour sa nouvelle carrière, son outil privilégié étant la privatisation de sociétés d’État liées aux ressources naturelles (dont SOQUEM, SOQUIP, Mines Seleine). »
Depuis qu’il est revenu à la pratique privée, M. Savoie est actif dans l’industrie des ressources. De 2001 à mai 2010, il a été à la tête de Ditem, une société minière active dans la recherche de diamants et d’uranium. Contrôlée à partir de l’Ontario et des États-Unis, Gastem en est une division active dans l’industrie du pétrole et du gaz.
Malgré qu’il n’y est pas obligé selon la loi, Gastem veut néanmoins lancer une consultation des citoyens avant de lancer ses travaux de forage cet automne ! Gastem, qui a rencontré les autorités locales, a fait savoir qu’elle commencerait ses séances de consultation publique le 22 août, soit près d’un an après que le conseil d’agglomération de la municipalité eut voté un moratoire sur l’exploration du gaz naturel tant et aussi longtemps qu’il n’y aurait pas de consultation.
« La municipalité n’a pas de pouvoir sur l’émission des permis de forage ou sur le cadre réglementaire, mais nous entendons jouer notre rôle de chien de garde de la ressource en eau potable et nous voyons d’un bon oeil la tenue d’un véritable débat public sur l’exploration gazière en milieu terrestre dans l’archipel », déclare dans un communiqué le maire des îles, Joël Arseneau. « La protection de la nappe phréatique et l’acceptabilité sociale sont deux conditions qui ont toujours été non négociables et qui le demeureront », rajoute-t-il.
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