On peut d’ores et déjà affirmer que l’autonomisation croissante des marchés financiers internationaux est sûrement le trait le plus évident du caractère nuisible d’une mondialisation qui s’abandonnerait totalement aux marchés. Depuis vingt ans, les frontières ont été progressivement abolies et les acteurs financiers rivalisaient d’imagination pour multiplier les transactions internationales, souvent purement spéculatives.
Cette libéralisation a conduit à la pire des crises financières depuis les années 1930, avec ses conséquences désastreuses pour les épargnants. Selon la dernière édition de la lettre d’information de l’OCDE Le Point sur les Marchés des Pensions la chute des marchés boursiers dans le monde a frappé les systèmes de pensions privées durement. En octobre 2008, tous les capitaux des plans de retraite privés des pays de l’OCDE enregistraient un recul d’environ 5 000 milliards, soit près de 20% par rapport à décembre 2007 (28 000 milliards). On estime que deux-tiers des pertes (3 300 milliards) se concentrent aux États-Unis, auxquelles s’ajoutent les pertes du Royaume-Uni, de l’Australie, du Canada, des Pays-Bas et du Japon, totalisant 1 200 milliards.
Selon une étude plus récente publiée par RBC Dexia Services aux Investisseurs, qui tient des données sur des actifs de caisses de retraite et de gestionnaires de placements du Canada évalués à 310 milliards de $, les caisses de retraite canadiennes ont connu en 2008 la baisse annuelle la plus forte de leur histoire. Les actifs de retraite auraient reculé de 7,0 % au cours du trimestre terminé en décembre 2008, ce qui a fait passer la perte annuelle à 15,9 %.
Selon M. McDougall, directeur des Services-conseils de RBC Dexia, les rendements désastreux de 2008 battent le record précédent établi en 1974 pour les pires résultats annuels. Les portefeuilles des caisses de retraite avaient alors fondu de 12,7 %. Auparavant, il faut se tourner vers la grande dépression de 1929 à 1932, mais les résultats sont fragmentaires puisque les données statistiques officielles remontent aux années 1960.
« Les deux derniers trimestres de 2008 ont été particulièrement difficiles, mais le recul avait en fait déjà débuté à l’été 2007 », a fait remarquer Don McDougall. Les actions canadiennes ont été la catégorie d’actifs la plus durement touchée pour les investisseurs canadiens, l’indice composé S&P/ TSX ayant chuté de 33,0 % au cours de l’année. Les caisses de retraite s’en sont un peu mieux tirés grâce à la vigueur de leurs placements dans le secteur de la consommation de base, seul secteur encore épargné. Tous les autres secteurs ont perdu du terrain et subi des baisses allant de 21,1 % à 48,4 % au cours de l’année. Le secteur de la finance, le dernier à succomber, a dégringolé de 29,6 % au dernier trimestre, alors que le S&P/TSX a glissé de 22,7 %.
On ne peut probablement pas éviter les cycles économiques. Mais on peut empêcher la multiplication insensée des pratiques à risque en revenant à des systèmes réglementaires plus fort qui éviteront de tels comportements. Les États doivent aussi créer les conditions pour que les caisses de retraite reviennent à des stratégies de long terme. Et la meilleure manière d’y arriver et de les obliger à tenir compte des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans l’analyse de leurs choix de placement.
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