Il est de bon ton, en Allemagne ou ailleurs dans les milieux de l’extrême-droite européenne, de s’en prendre aux fameux PIGS, ces populations du sud qui pratiqueraient la fraude fiscale et sociale à grande échelle, expliquant ainsi la dette pharaonique de leur gouvernement. Or, les preuves sont nombreuses pour démontrer que la fraude massive, celle qui peut véritablement faire la différence sur les comptes publics, est d’abord et avant tout l’affaire des élites économiques, que ce soit en Grèce, en France, aux États-Unis ou au Canada.
Prenons par exemple la France. Un récent rapport parlementaire portant sur les « fraudes sociales », qui se limitent aux fraudes liées aux assurances sociales, permet de dégonfler un mythe bien enraciné dans certains milieux, en particulier dans la presse populaire. Selon ce rapport, donc, les fraudes patronales – cotisations non versées en raison du travail au noir ou de malversations – seraient de quatre à cinq fois supérieures aux fraudes des prestataires – allocations perçues illégalement. Sur les 20 milliards d’euros de fraude par année, on estime que jusqu’à 15,8 milliards pourraient provenir des fraudes patronales. Mais le rapport propose une surveillance accrue des allocataires…
Pour l’ensemble de l’Europe, on estimerait le coût de la corruption à 120 milliards d’euros. C’est l’équivalent du budget annuel de l’Union européenne ! Selon la dernière enquête Eurobaromètre, ce serait 79% des Européens qui estiment que la corruption est un problème dans leur pays. La Commissaire européenne Cecilia Malström, en charge du dossier, a déclaré qu’ « aucun pays membre n’est exempt de corruption ». Selon Transparency international, si neuf Etats Membres de l’Union font partie des vingt pays les moins corrompus du monde, dix autres figurent parmi les pires.
Aux États-Unis, la situation est tout aussi inacceptable. Seth Hanlon, le directeur du bureau de la réforme fiscale au Center for America Progress, évalue que, chaque année, 400 à 500 milliards $ de recettes fiscales ne sont pas collectées en raison de l’évasion fiscale des ménages les plus fortunés et des entreprises, dont 100 milliards $ dus aux paradis fiscaux. On n’en doute pas, ce devrait être là un choix privilégié pour l’administration fédérale pour combler son déficit abyssal ? Pas pour les Républicains ! Ces derniers ont plutôt déposé un projet de loi à la Chambre de représentants – où ils sont majoritaires – qui « would slash IRS funding by more than $600 million and lead to the furlough of 4,100 to 5,000 employees, mostly enforcement agents ». Pourtant, selon les propres évaluations de l’IRS (l’Agence de revenue des États-Unis), chaque dollar investit dans la lutte à la fraude fiscale ferait diminuer le déficit de 3 dollars !
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