La semaine passée je présentais les faits saillants d’une étude du Conference Board sur l’augmentation des inégalités de revenu au Canada. Sans vouloir minimiser le problème, il faut admettre que les Canadiens ne sont pas les seuls à connaître cette tendance inacceptable.
Pour une vue globale sur l’évolution des inégalités dans le monde, sur le moyen et long terme, je vous conseille d’aller voir le blogue d’Olivier Berruyer. Il présente des graphiques originaux, avec quelques commentaires simples et facilement accessibles, sur ces tendances pour plusieurs pays et sur des horizons de court et long terme en utilisant les indices de Gini. Le 3e graphique (par zone géographique, pour la période 1820-2000) montre clairement que depuis le milieu des années 1980, la montée des politiques ultralibérales a marqué un tournant dans ces tendances.
Or, tout indique que la tendance devrait s’accroître, dans les prochaines années, si nous ne réagissons pas plus vigoureusement. Par exemple aux États-Unis, la victoire de la droite conservatrice concernant la lutte contre les déficits représente le dernier avatar de l’échec de l’administration Obama à résorber des inégalités sociales. Selon les calculs de United for a Fair Economy, un groupe de pression de lutte contre les inégalités, la fiscalité actuelle aggrave les inégalités aux États-Unis. Entre 1990 et 2009, le revenu médian réel a progressé de 4,5%, quand celui des 5% les plus riches bondissait de 19,4%. Ces derniers gagnaient en moyenne quinze fois plus que les 10% les plus pauvres en 2009, contre un rapport de un à treize en 1990. Dans un article publié fin novembre, deux économistes du Fonds monétaire international, Michael Kumhof et Romain Rancière, ont rapproché cette montée des inégalités de celle de l’endettement des ménages. Pour eux, c’est le point commun entre les décennies précédant la crise économique actuelle et celles d’avant la Grande Dépression. Dans les deux cas, « les classes pauvre et moyenne semblent avoir résisté à l’érosion de leur position relative dans l’échelle des revenus en empruntant pour maintenir un niveau de vie plus élevé que ne le permettaient les salaires », expliquent les auteurs. Les deux fois, l’excès de leur dette a provoqué une crise financière, puis une récession.
Les Français s’en sont mieux sortis, du moins jusqu’à l’arrivée du président Sarkozy. Mais depuis 2003, la situation se détériore. Les plus aisés ont continué à s’enrichir ces années récentes, creusant encore les inégalités avec les plus modestes même si le taux de pauvreté est resté relativement stable, selon une étude de l’Insee publiée ce printemps. Entre 1996 et 2008, les inégalités de niveau de vie ont peu évolué, note l’Insee, si l’on compare le niveau de vie maximum des 10% de ménages les moins riches (10 520 euros) au niveau de vie minimum des 10% les plus riches (35 550 euros), soit un rapport relativement stable de 3,4 en 2008, contre 3,5 en 1996. Toutefois, nuance l’Institut de la statistique, ces moyennes ne rendent pas compte des tendances aux extrémités. Avant 2004, les inégalités avaient tendance à se réduire parce que les ménages les plus pauvres voyaient leur niveau de vie se rapprocher des classes intermédiaires. À partir de 2004, on voit plutôt une tendance à l’augmentation des inégalités par le haut de l’échelle. Les niveaux de vie des personnes les plus modestes cessent d’augmenter plus rapidement que les niveaux de vie intermédiaires alors que ceux des plus aisées continuent leur progression.
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