De notre envoyé spécial en Montérégie !
Pavillon Jordi-Bonet, Mont-Saint-Hilaire. Je suis en Montérégie, à 40 kilomètres de Montréal, au cœur de la mobilisation citoyenne pour un moratoire sur le gaz de schiste, mobilisation qui fait la manchette depuis un peu moins de deux ans. Cette fois, la rencontre n’est ni pour entendre les porte-parole des gazières et des minières mijoter leur acceptabilité sociale, ni pour organiser la mobilisation pour consolider la contestation mais bien pour opérer une première réflexion sur les alternatives au gaz de schiste.
En ce beau samedi du 10 septembre, plus de 125 personnes se sont déplacées une journée entière au centre communautaire de la municipalité à l’invitation des regroupement citoyens du secteur (Otterburn Park et Mont-Saint-Hilaire). La salle est gracieusement offerte par le maire de l’endroit, partisan du moratoire sur le gaz de schiste autant par conviction personnelle que par souci d’un développement durable de cette municipalité de 18,000 résidents située à flanc de montagne près de la rivière Richelieu, laquelle depuis quelques années, a pris le virage vert (prix d’excellence du Québec en développement durable et en environnement en 2008).
Pour rappel, signalons l’assemblée citoyenne déterminante à Saint-Marc-sur-le-Richelieu en début d’automne 2010 suite aux désormais fameuses rencontres de l’Association des minières et gazières du Québec dans la région notamment la dernière à Saint-Hyacinthe à l’été 2010, celle qui fit perdre à Alain Caillé son poste de président. Il avait quitté la salle sans s’excuser personnellement. Nous étions 700 personnes. L’assemblée de Saint-Marc sera aussi le coup d’envoi d’un regroupement interrégional de 43 groupes pour toute la Vallée du Saint-Laurent, regroupement qui se met en place en quelques mois. Résultat en bout de piste : l’obtention d’audiences du BAPE et un quasi-moratoire. Finalement, le 18 juin dernier à Montréal, le point culminant : une manifestation évaluée à 7,000 personnes pour les uns et pour d’autres à 10,000 sans compter, en cours d’année, la mobilisation de 150 scientifiques qui appuient le mouvement.
Pour revenir à la rencontre du 10 septembre, le menu de la journée est le suivant : les alternatives en matière de transports, l’éolien, la bio-méthanisation, le solaire, la géothermie. Deux interventions remarquées en matinée : celles du géologue et ingénieur Marc Durand et du sociologue Robert Laplante de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC).
Le premier, professeur à la retraite de l’Université de Sherbrooke, nous fait une démonstration : 20,000 puits le long de la Vallée du Saint-Laurent en perspective, tel est le plan des multinationales engagées dans ce dossier. 20,000 puits qui vont libérer du méthane même quand les puits seront fermés. Talon d’Achille : les failles. 20,000 puits abandonnés avec la corrosion qui s’annonce et donc la migration du méthane qu’elle induit, sans compter les défauts de fabrication des ouvrages toujours possibles, font de ces puits une expérimentation à grande échelle. Et de conclure : ce serait une opportunité certes mais une opportunité de type farwest! Parce que les entreprises ne sont capables de tirer de leur forage que 20% du gaz enfoui. Le 80% restant est une bombe à retardement car des émissions fugitives sont à redouter. Le méthane s’écoulera peu à peu parce qu’une partie de ce roc est perméable et que 20,000 forages l’auront rendu encore plus perméable. Quand on sait que ce gaz est 25 fois plus nocif que le CO2 lorsque relâché dans l’atmosphère! Or, jusqu’à maintenant du moins, les entreprises ne sont contraintes à la restauration qu’en surface. Mais l’essentiel n’est pas là : déjà, 19 forages sur 29 relâchent du gaz dans l’atmosphère. C’est à géométrie variable mais il y en a au moins deux à court terme, à Leclercville et à La Présentation qui auront nécessité des restaurations immédiates. C’est donc très mal parti! Pour en savoir plus, cliquez ici.
Le second est directeur l’IREC. D’entrée de jeu, Robert Laplante nous dit que les alternatives aux énergies fossiles ne manquent pas au Québec qui est une société très bien positionnée pour faire un choix géopolitique semblable à celui de la Suède puisque nous sommes déjà en mode d’énergies renouvelables à 50% (38% par l’hydro-électricité, 12% par la biomasse). Notre indépendance énergétique peut aller encore plus loin si on adopte une stratégie offensive de transport collectif à l’échelle de tout le territoire. C’est d’autant plus pertinent que le contexte international de fin du pétrole à bon marché nous invite indirectement à le faire. Scénario plausible : un monorail qui relie Montréal aux huit capitales régionales à partir des autoroutes existantes. Donc rien n’est à exproprier (ni les ménages, ni les terres agricoles). L’acceptabilité sociale d’un bout à l’autre du Québec est pratiquement sans problème majeur. De plus le Québec est un producteur de matériel de transport collectif. Coût de cette grappe industrielle : $7 milliards et 50,000 emplois à la carte. On imagine aussi la force que procurerait les échanges interrégionaux. Pour en savoir plus, voir sur le site de l’IREC : le document dont l’intitulé est «L’électrification du transport collectif, un pas vers l’indépendance énergétique…».
Dans l’après-midi, exposés et discussions ont une approche plus micro. Les participants auront surtout retenu la contribution d’un autre ingénieur, Claude Gauthier, président de la Fondation jeunesse du Richelieu, qui nous fait le récit de l’expérience de mise sur pied d’un centre d’interprétation des énergies renouvelables dans une cour d’école de la municipalité de Richelieu, une véritable prise en charge par les parents et l’ensemble de la communauté. Un petit bijou d’éducation au développement durable des élèves : 4000 élèves ont visité ce centre dans les deux dernières années. Petit bijou également de mobilisation citoyenne écologique dans une communauté. On aura aussi retenu de cette journée l’expérience de trois MRC la région en Montérégie-Est qui gère la matière résiduelle par la bio-méthanisation. Le biogaz, énergie verte, peut être, à l’exemple de la Suède, une alternative au pétrole, si nous en venions à le produire à plus grande échelle pour alimenter taxis, autobus et camions.
Bref, une rencontre fort positive. On peut cependant déplorer une absence: les alternatives portées par le mouvement coopératif. Le directeur de la coopérative de production d’énergie éolienne Val-Eo au Saguenay aurait pu être de la partie. Les passerelles entre ces deux mouvements restent à créer. Mais cette rencontre aura servi à démontrer qu’il est possible pour un mouvement de contestation de ne pas se centrer uniquement sur une stratégie du refus mais de réfléchir en termes d’alternatives ici et maintenant. Plus ces dernières progresseront, plus la preuve sera faite qu’au Québec, un moratoire sur le gaz de schiste ne suffit pas, qu’il ne convient même pas de la développer sachant que notre indépendance énergétique peut, réalistement, passer par les énergies renouvelables. Comme le disait un agriculteur albertain au journaliste du journal Le coopérateur agricole (bulletin de la Fédérée) qui faisait enquête cet été sur ce dossier : «Avez-vous vraiment besoin de cette énergie?».
Monsieur Favreau,
Je vous remercie d’avoir inclus un lien vers un de mes documents vidéo, dans votre article publié ce matin à ce lien: http://www.oikosblogue.com/?p=8892
Il y a beaucoup d’autres textes et vidéo sur mes pages : http://www.facebook.com/gazdeschiste et http://www.facebook.com/gazdeschiste2 et plus il y a de personnes qui les lisent, plus l’information circulera.
Juste un deux précisions additionnelles; je ne suis pas géologue et j’ai expliqué pourquoi je n’utilise pas ce nom tout au bas de ma page Facebook http://www.facebook.com/gazdeschiste2. De plus, je n’ai pas été professeur à l’Université de Sherbrooke, mais bien à Montréal, à l’UQAM
Salutations cordiales
Marc Durand, doct-ing en géologie appliquée,
professeur retraité, Département des Sciences de la Terre, UQAM
Bonjour,
éditeur en Bretagne, je viens de publier un petit livre intitulé « le gaz de chistr ».
Ca n’a pas l’air sérieux, mais c’est une étude argumentée sur l’extraction du gaz de schiste et ses dangers, sur un mode humoristique qui n’est pas courant dans le débat (sauf les affiches au Québec). L’alternative proposée, le méthane produit avec du cidre (chistr en breton) peut paraître farfelue, mais elle a déjà été expérimentée… et de toutes façons le problème est ailleurs.
Ce livre peut se trouver sur Internet ou à la librairie La Canopée à Saint-Armand.
P.S. La préface est de Jules Verne…
Avec toutes les expériences vécues depuis que je milite contre les gaz de shiste et toutes les infos qu’on as publiés soit par conférence avec des géologues expérimentés , des ingénieurs et tous les test avec les autres pays et le notre , on ne doit même pas toucher au gaz de schiste, a bannir de notre vocabulaire , il faut le laisser la ou il est.
C’est la seule façon pour un meilleur avenir pour le Québec et il faut tout changer dans la direction du Québec pour repartir a 0 et arrêter la corruption, on est même pret a sacrifier les Québécois pour faire de l’argent et quand je dis sacrifier , je veux dire les rendre malade et aussi même aller j’usqu’a la mort. A quand le renouveau et ça presse. Gaétan Daudelin
« Bonjour,
éditeur en Bretagne, je viens de publier un petit livre intitulé « le gaz de chistr ». »
Je l’ai lu, c’est délicieux, très drôle et en même temps très solidement argumenté. J’ai beaucoup ri et beaucoup appris.