Une petite étude réalisée par Denis Boyer, pour le compte d’Ecohabitation, arrive à la conclusion qu’il suffirait d’un programme d’écorénovation domiciliaire – l’installation de portes et fenêtres ENERGY STAR® – touchant 900 000 foyers québécois pour économiser la même quantité d’énergie que celle produite annuellement par Gentilly-2 sur ces 25 années, soit 4,5 térawatt-heure ! Selon ses calculs – le chercheur est diplômé en mathématiques et en développement durable – le coût de fonctionnement de la centrale pendant ce quart de siècle reviendrait à 7,38 milliards de dollars (6,56 ¢ par kilowatt-heure), tandis que la somme engagée pour subventionner l’équipement des maisons – à hauteur de 500$ par porte ou fenêtre – ne serait que de 4,5 milliards de dollars (4 ¢ par kilowatt-heure).
Mais les retombées économique seraient plus importantes dans le cas du programme d’écorénovation. Alors que les retombées de la rénovation de la centrale seraient concentrées dans un secteur d’activité très concentré à l’extérieur du Québec et accaparées par un nombre relativement restreint de travailleurs très spécialisés, celles l’écorénovation domiciliaire se diffuseraient très largement dans l’ensemble du Québec, tant en aval pour les travailleurs de la construction qu’en amont pour les entreprises de portes et fenêtres québécoises. En plus, 900 000 familles verraient leur compte d’électricité réduite de façon appréciable !
On peut lire l’étude complète en cliquant ici. On peut également lire avec intérêt l’article de Louis-Gilles Francoeur portant sur cette étude.
Toutefois, l’étude de M. Boyer fait l’hypothèse d’un prix de revient de l’électricité de Gentilly à 6,56 ¢ ⁄ kWh. Or, François A. Lachapelle, retraité de Hydro-Québec, parle plutôt d’un coût unitaire de 15,8 ¢ ⁄ kWh, contestant au passage le chiffre de 7,6¢/kWh avancé par le Syndicat des ingénieurs d’Hydro-Québec. Lorsque, dit-il, on tient compte des frais de financement de la réfection de Gentilly, des coûts d’entreposage temporaire des déchets et des coûts découlant du “service après vente” du concepteur du réacteur CANDU en réfection, à savoir Énergie Atomique du Canada Limitée (ÉACL), le prix de revient du nucléaire est beaucoup moins avantageux. Selon François A. Lachapelle, à 15,8¢/kWh après réfection, l’investissement d’Hydro-Québec n’est pas économiquement rentable. Les Québécois paie leur électricité environ 7,0¢/kWh avant taxes et Hydro-Québec vend l’électricité à l’exportation à 8,2¢/kWh.
Par ailleurs, les calculs de M. Lachapelle confirment nos hypothèses sur les faibles retombées du scénario de rénovation de Gentilly. Il décompose les 1,9 milliard $ du budget officiel annoncé pour le reclassement de la centrale de la façon suivante :
• seulement 31,5% resteront au Québec, soit 600 millions$
• des 600 millions$ au Québec, seulement 200 millions$ resteront dans la région, soit 10%
Mais François A. Lachapelle étudie aussi, ce qu’oublie l’étude de M. Boyer, les impacts du scénario du démantèlement de la centrale. En effet, si on évite les coûts de la rénovation, on ne peut pas échapper ceux du démantèlement. Hydro-Québec a déjà chiffré ce scénario à un coût de 1,6 milliard$. Sur une durée de démantèlement de 20 ans (la durée de la décontamination de la centrale de Three Mile Island a été de 12 ans), les coûts seraient de 80 millions $ par année.
Mais il faut en plus tenir compte que, la décision de la rénovation de Gentilly ayant été prise en 2008, des montants du budget de 1,9 milliard$ ont déjà été engagés dans le projet. M. Lachapelle évalue ce montant à 900 millions$ à ce jour !
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