Un important rendez-vous international lié à Rio+20 s’organise à Montréal le 17 octobre prochain. Entretien avec les membres du comité organisateur début août au Carrefour Solidaire rue de Maisonneuve Est à Montréal.
Comment réinventer une économie qui soit au service de la société ? En prenons de front la crise écologique. «La planète n’y arrivera pas si on ne change pas de modèle» nous dit d’entrée de jeu le président de la Caisse d’économie solidaire, Gérald Larose. C’est la question centrale qui occupera ce rendez-vous international à Montréal le 17 octobre prochain de même que les Rencontres du Mont-Blanc en France en novembre prochain. Cet événement est à l’initiative de la Caisse d’économie solidaire Desjardins, de Fondaction et du Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ) en collaboration avec de nombreux partenaires, notamment SOCODEVI, UPA-DI, le CQCM, Nature-Québec, la Fédération québécoise des coopératives forestières, la Coopérative fédérée (les agricoles) et bien d’autres, le tout en relation directe avec les opérations internationales du Forum des dirigeants de l’économie sociale animé en France par le réseau des Rencontres du Mont-Blanc (RMB), lequel Forum dirigera une délégation internationale pour le Sommet de la terre de juin 2012. Plusieurs organisations québécoises engagées dans la tenue du 17 sont aussi membres des RMB.
Les organisateurs de l’événement invite les différents réseaux d’économie sociale et solidaire de même que les différents mouvements sociaux, soit le monde syndical, le monde coopératif, le monde associatif, le monde de la solidarité internationale de même que toutes les organisations d’écologistes à «actualiser leur regard sur la crise actuelle et sur la société d’aujourd’hui ici et ailleurs dans le monde», de dire le document de base de la rencontre. Le tout dans le contexte du Sommet de la Terre convoqué à Rio en juin prochain sur le thème du développement durable.
Le rendez-vous du 17 octobre dont le thème principal est L’économie sociale et solidaire et les défis actuels du développement durable se tiendra toute la journée au Centre Saint-Pierre. Une quinzaine de conférenciers d’ici et d’ailleurs aborderont les enjeux qui occupent la scène locale, nationale et internationale au plan écologique et comment l’ESS peut être une réponse à ces enjeux (alimentaire, énergétique et autre). Pour voir le programme et s’y inscrire, cliquez ici. Gérald Larose affirme à cet effet : «L’enjeu est majeur, dans la foulée d’une crise qui n’a de cesse de s’approfondir depuis 2008, des échanges doivent se tenir pour dégager des solutions qui doivent être proposées aux communautés, aux pouvoirs publics et aux institutions internationales pour renouer avec une économie plus écologique, plus équitable et plus solidaire qui profite à toutes et à tous. C’est la responsabilité de tous les mouvements sociaux de s’atteler à cette tâche en commençant par notre institution financière, la Caisse d’économie solidaire Desjardins».
De son côté, Mario Hébert de Fondaction, également du comité organisateur explique : «Les thèmes sont abordés en relation avec les grands enjeux de la société actuelle et les alternatives à mettre de l’avant. À l’ordre du jour : «l’urgence de réponses concrètes et structurantes à la crise écologique (trop longtemps considérée comme secondaire), urgence qui, comme on le sait, exige des actions transnationales de plus en plus fortes». À l’ordre du jour aussi, l’importance de redéfinir une action politique des différentes familles de l’économie sociale et solidaire (ESS) dans les prochaines années, trop longtemps laissée dans le placard ou limitée au seul lobby auprès des pouvoirs publics, de conclure les membres du comité organisateur en fin de discussion autour du sujet sur lequel devrait porter la séance de clôture.
Dans la même veine, «la dimension internationale de la rencontre visera à nourrir le projet québécois et international de l’ESS par des comparaisons avec d’autres pays» d’ajouter René Lachapelle, président du GESQ. «D’ailleurs ce rendez-vous qui sera suivi d’une participation québécoise aux Rencontres du Mont-Blanc, culminera en 2012, avec le Sommet de Rio mais aussi, nous l’espérons, en octobre 2012, avec le Sommet international des coopératives organisé conjointement par le mouvement Desjardins et l’Alliance coopérative internationale (ACI)».
Pour les organisateurs, les lignes de force de cette rencontre partent de l’idée que de plus en plus de mouvements cherchent aujourd’hui, par divers moyens, à concilier économie avec équité sociale et défense des écosystèmes. Mais il est clair que le capitalisme financier et boursier dominant dans les deux ou trois dernières décennies ne s’en n’est aucunement soucier. La crise actuelle a tout exacerbé. Tel est l’argumentaire de départ des organisateurs du rendez-vous.
« Il faut donc prendre acte que la crise actuelle est une crise du modèle dominant de développement et que cette crise est une grande crise qui n’est ni accidentelle, ni temporaire mais globale, c’est-à-dire tout à la fois et à la même hauteur, économique, sociale et écologique» de dire le document du programme. Elle est aussi plus que jamais internationale par l’interdépendance accrue liée à la nouvelle phase de la mondialisation. Ce qui a signifié dans les deux dernières décennies : a) une montée en puissance du capitalisme boursier et financier ; b) une remontée des inégalités entre le Nord et le Sud ; c) une poussée marquée de la précarité dans le monde du travail; d) et une urgence écologique sans précédent, le réchauffement climatique ayant servi de dernier catalyseur d’une mobilisation internationale qui s’imposait tant dans les institutions internationales qu’au sein des gouvernements comme dans les mouvements sociaux. Bref la planète n’y arrivera pas si on ne change pas de modèle en matière d’agriculture et d’alimentation comme en matière d’énergie et de climat, si on ne freine pas l’affaiblissement de l’État social et si on ne contribue pas à la «biodiversité de l’économie » et à sa démocratisation, si on ne travaille pas à une mondialisation qui accentue les interdépendances solidaires plutôt que les dépendances.
Bref, face au défi de l’urgence écologique, l’économie sociale et solidaire (coopératives, mutuelles, fonds de travailleurs et associations à vocation économique) est-elle pleinement de la partie ? Si oui quelle partition jouera-t-elle ? Comment portera-t-elle son projet jusqu’au Sommet de Rio en juin 2012 ? Comment faire avancer davantage l’internationalisation de l’ESS québécoise dans ce plan de match ? Pouvons-nous converger mais aussi débattre tout en modifiant notre échelle d’intervention en la faisant devenir plus internationale ? Comment finalement pouvons-nous lier davantage les questions climatiques et environnementales aux questions économiques et sociales en tenant compte des diverses sensibilités (celle qui priorise davantage la question sociale très présente dans le mouvement syndical ou communautaire par exemple); celle qui priorise davantage la dimension économique du développement (les grandes coopératives par exemple) ; celle qui est centrée davantage sur l’«énergie/climat» (les écologistes par exemple)? Un cahier spécial du journal Le Devoir, samedi le 15 octobre, mettra la table.
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