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Le samedi 23 avril 2022

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L’austérité est le problème plus que la solution

L’auteur invité est Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives Economiques.

Les cures d’austérité imposées aux pays endettés aboutissent non pas à une réduction rapide de leurs dettes souveraines mais à une récession qui aggrave encore la situation de leurs comptes publics, explique Guillaume Duval dans sa chronique pour Radio Nova.

Face à l’envolée des dettes publiques, tous les gouvernements prônent une réduction rapide des déficits. Mais pour vous c’est plus un problème qu’une solution. Cela mérite quelques explications.

Je le conçois bien. Prenons le cas emblématique de la Grèce. Cela fait quasiment deux ans maintenant que le pays est dans l’œil du cyclone à cause de sa dette publique. En échange de l’aide européenne, on a imposé à la Grèce des mesures d’austérité très strictes. Mesures que le gouvernement grec a dans l’ensemble mises en œuvre même si on peut critiquer tel ou tel retard. Résultat ? Trois ans de récession profonde et le recul de l’activité devrait encore atteindre 5 % cette année, deux fois plus qu’en France en 2009. A cause de la récession, les recettes publiques n’augmentent pas autant que prévu et la dette grecque continue d’augmenter à vitesse grand V. La crise loin de se résoudre s’aggrave au contraire. Or depuis cet été, l’Italie et l’Espagne ont annoncé à leur tour des plans d’austérité drastiques. L’activité économique stagnait déjà en Europe depuis le printemps. Avec ces politiques, il y a lieu de redouter un retour à la récession. Auquel cas nous nous retrouverions tous peu ou prou dans une situation analogue à celle de la Grèce même si c’est à un degré moindre.

Il faudrait donc laisser filer les déficits et les dettes ?

Non, ce n’est absolument pas ce que je veux dire. C’est bien sûr un grave problème quand les intérêts de la dette deviennent le premier poste de dépenses de l’Etat devant l’éducation, l’emploi ou encore l’environnement. Il faut en effet réussir à desserrer cet étau mais c’est justement la raison pour laquelle les politiques d’austérité généralisées sont stupides : elles ne permettent pas de limiter les déficits. Christine Lagarde, désormais directrice générale du FMI, vient d’ailleurs de tirer le signal d’alarme à ce sujet en invitant au contraire les Etats européens à soutenir l’activité.

Mais ce sont les marchés financiers qui exigent cette austérité…

Ils ont bon dos. Pour prêter de l’argent, pour l’essentiel le notre, celui de l’épargne des ménages, les acteurs des marchés financiers exigent que les emprunteurs montrent de façon crédible qu’ils seront en mesure de rembourser leurs dettes dans le futur. Ce qui dans le cas d’un Etat suppose en effet de ne pas laisser dériver les comptes publics en accordant constamment des baisses d’impôts à tous les groupes de pression, et en particulier aux plus aisés. Mais cela suppose aussi que le pays dispose d’une économie suffisamment dynamique, qui ne soit pas bridée par des politiques d’austérité excessives. Et ce qu’on constate, en Europe comme aux Etats Unis, c’est que ces politiques loin de rassurer les investisseurs les inquiètent au contraire. Et cela à juste titre.

Que faire alors ?

La voie est étroite en effet pour parvenir à soutenir l’activité sans pour autant accumuler une nouvelle masse importante de dettes. Mais en Europe, certains pays comme l’Allemagne notamment, disposent de marges de manœuvre significatives pour soutenir davantage leur demande intérieure. Et, au niveau européen, nous pourrions lancer ensemble un grand programme de conversion écologique de nos économies. Cela soutiendrait l’activité dans l’immédiat tout en préparant l’avenir, puisque ce qui nous plombe aujourd’hui c’est en particulier notre forte dépendance aux importations de pétrole et de gaz. En tout cas, si on se contente de poursuivre sur la voie de l’austérité généralisée, non seulement on ne réglera pas la question des dettes publiques à cause de la récession que cela engendrera, mais la zone euro éclatera et le projet européen avec du fait des tensions sociales et politiques que ne manquera pas de susciter une nouvelle montée du chômage.

Pour lire le texte, on va sur le site d’Alternatives Economiques

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