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Le samedi 23 avril 2022

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Conjoncture : sommes-nous déjà en récession ?

Nous avons les yeux fixés sur l’Europe et les États-Unis. Mais il semble que les économies canadienne et québécoise pourraient être les premières à entrer officiellement dans un cycle de récession. Dans les deux cas, les données statistiques montrent la décroissance des activités au 2e trimestre.

Au Québec, malgré une demande demande intérieure finale positive, c’est le solde négatif de plus en plus lourd du commerce extérieur ( 36,3 milliards de dollars) qui plombe l’activité, après huit trimestres positifs. Tout le repli trimestriel de l’activité économique ( 0,2 %) n’est imputable qu’au secteur des biens dont la chute de la production ( 1,3 %) dépasse la neuvième augmentation trimestrielle consécutive de la production des services (+ 0,2 %). Même soutenue par le rebondissement notable des activités extractives (+ 8,7 %), la production industrielle plonge ( 0,9 %), entraînée par la production manufacturière ( 1,3 %). À l’inverse, dans le secteur des services, à côté de quelques groupes majeurs en baisse tels que le commerce de détail ( 0,8 %), les administrations publiques (+ 1,3 %), les soins de santé (+ 0,3 %) et les services financiers (+ 0,1 %) sont en hausse.

Si le troisième trimestre est négatif, le Québec sera officiellement en récession. Ce qui peut nous permettre de rester optimiste c’est le fait les exportations internationales du Québec sont en hausse en juillet (+ 6,6 %), premier mois du 3e trimestre, grâce à la croissance significative des exportations de la majorité des 25 principaux produits, tels les avions entiers avec moteurs (+ 27,3 %), l’aluminium et ses alliages (+ 6,2 %). Ce qui nous rend pessimiste, c’est qu’en en août le total définitif des logements québécois en chantier s’élève à 41 100 unités ( 4 100), dont 35 400 dans les centres urbains ( 3 400). Par ailleurs, à l’échelle canadienne, après huit hausses mensuelles d’affilée débutant en octobre 2010, l’indicateur avancé subit en août un deuxième recul en trois mois.

La Banque Scotia pense d’ailleurs que le Canada pourrait être le premier pays développé à retomber en récession. Pour bien comprendre l’économie canadienne, il faut reconnaître que le Canada est un pays pétrolier, qui réagit précocement aux fluctuations des cycles économiques. Les prix pétroliers ont propulsé l’économie canadienne des derniers trimestres. Mais la situation change : d’après les experts, les investissements des entreprises ont diminué au cours des derniers mois et les inventaires demeurent en outre élevés. Après s’être contractée de 0,4 % entre avril et juin, l’économie canadienne pourrait donc connaître un 3e trimestre encore plus difficile avec la baisse importante des prix et de la demande des ressources.

Comme le signale très justement Richard Le Hir, lorsqu’un dirigeant de la Banque Scotia affirme que « … le retour des États-Unis en récession pourrait amener le Canada au bord du gouffre, voire le précipiter dans le vide, » il faut vraiment que le ciel soit sur le point de nous tomber sur la tête. Alors que, dans un cycle économique normal, une économie en mode reprise devrait connaître une croissance de 5 à 7 %, le fait que nous prévoyons aujourd’hui une probabilité élevé de rechute de l’activité devrait, nous dit M. Le Hir, nous inquiéter. C’est peut-être quelque chose de plus sévère qu’une récession auquel nous serons confrontés. D’autant plus que nos partenaires se sont d’ores et déjà commis pour des solutions conservatrices des politiques économiques alors qu’il est plus que temps de choisir des solutions progressistes.

L »incapacité des Européens à régler la crise grecque et la probabilité de plus en plus forte d’un défaut de paiement ont amplifié les inquiétudes au sujet des dettes de l’Espagne et l’Italie qui pèsent beaucoup plus lourd encore. Du coup, nous dit Guillaume Duval, les banques qui détiennent ces titres en grande quantité ont été fragilisées et leurs titres ont connu une chute spectaculaire en Bourse. En réaction, elles risquent de réduire le volume des crédits qu’elles distribuent, entraînant l’Europe dans une restriction du crédit qui aggraverait encore considérablement la situation économique. En 2008, les dirigeants européens avaient su éviter l’enclenchement d’une spirale dépressive. Mais aujourd’hui, ajoute Duval, ils semblent convertis aux recettes déflationnistes qui avaient pourtant aggravé la crise économique dans les années 1930 et ouvert la voie aux extrémistes.

Aux États-Unis, seul le plan de relance de 447 milliards $ déposé par Obama permettrait de sauver la situation désespérée dans laquelle se trouve notre voisin. En août, la vente de maisons neuves a connu une baisse de 2,3%, pour un quatrième mois d’affilé, alors que c’est habituellement la saison forte des transactions immobilières. L’année 2011 sera la pire depuis que des données sont recueillies sur ce marché (50 ans). Les États-Unis vivent une 5e année de baisse du marché des maisons neuves.

Signe bien compris par tous financiers et spéculateurs que tout va mal : le spread des CDS de 5 ans de la Bank of America – c’est-à-dire le coût de l’assurance contre la faillite de la banque – s’est élevé de 400 points de base, à 9 %, au début de cette semaine. Il est déjà plus élevé que celui atteint pendant les pires moments de la crise de 2008-2009…

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