Le mouvement Occupy Wall Street prend de l’ampleur. Il a inspiré, ce samedi, plusieurs autres indignés partout dans le monde. On parle de manifestations et actions non-violentes qui ont lieu dans plus d’un millier de villes de 87 pays. En Espagne, des dizaines de milliers d’indignés, sous le slogan « Unis pour un changement mondial », sont partis de cinq points différents des quartiers périphériques de Madrid, et ont convergé vers la place de la Puerta del Sol, où était né le mouvement au mois de mai dernier.
A Rome, où on trouvait plusieurs casseurs et autres provocateurs, les indignés italiens ont néanmoins rassemblés des dizaines de milliers de personnes manifestaient. Selon les médias, des manifestants ont tenté de retenir un autre groupe de provocateurs masqués de noir en leur jetant des bouteilles. En Allemagne, plusieurs milliers de personnes (6 000 selon Attac-Allemagne) se sont rassemblées devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE), à Francfort. Sur les pancartes on pouvait lire « Ne bradons pas la démocratie à la BCE » ou encore « Brisons la dictature du capitalisme », « Le capitalisme va tuer le capitalisme ». « Je considère le capitalisme mondial comme une bombe à retardement pour les humains mais aussi pour la planète » a déclaré un manifestant. Au Royaume-Uni, près d’un millier d’indignés se sont rassemblées dans la City, coeur financier de Londres. Ils ont reçu l’appui du fondateur de Wikileaks Julian Assange, a déclaré : « Nous soutenons ce qui se passe ici parce que le système bancaire à Londres est le bénéficiaire d’argent issu de la corruption ». Assange promet une campagne de Wikileaks contre les institutions financières dans les prochaines mois. À Paris ils étaient quelques milliers sur le parvis de l’hôtel de ville (voir les photos en cliquant ici). À Montréal, quelques centaines de manifestants se sont réunis au Square-Victoria, au cœur du quartier des affaires (pour des images et vidéos de la journée, voir dans Le Devoir). En plusieurs endroits, les gens ont installés leurs tentes pour rester sur place jusqu’à ce que les choses changent.
À New York, avec l’appui du mouvement syndical de la métropole étatsunienne, ils ont été plus de 20 000 personnes à manifester pacifiquement dans les rues de Manhattan, plus tôt dans la semaine, pour dénoncer les politiques trop favorables aux 1% de la population. La police a malgré tout intervenu en utilisant du poivre de cayenne et en bloquant des rues.
De toute évidence ça dérange la droite. Dans un de ses billets dans le New York Times, Paul Krugman suggère que les ploutocrates sont en mode panique, provoquant chez les super-riches et les politiciens de droite une réaction hystérique. On aime ça ! En accusant les protestataires d’être anti-américain, de chercher la confrontation et la lutte des classes (yé!), les candidats républicains à la présidence montrent leur désarroi devant une possible extension du mouvement. Pourtant, selon Krugman, jusqu’à maintenant les manifestations du mouvement ne ressemblent en rien aux comportements des enragés du Tea Party au cours de l’été 2009, lorsqu’ils protestaient contre Obama, l’antéchrist ! Dans une charge à fond de train contre les privilégiés du 1%, Krugman termine son texte sur ces mots : « So who’s really being un-American here? Not the protesters, who are simply trying to get their voices heard. No, the real extremists here are America’s oligarchs, who want to suppress any criticism of the sources of their wealth. »
Donc heureusement, le mouvement s’étend. Occupy DC (qui regroupe les protestataires de la capitale étatsunienne) a tenu une vaste manifestation pour souligner le 10e anniversaire de la guerre en Afghanistan. Ils ont porté un message clair : arrêter les dépenses qui alimentent le complexe militaire et la corruption des grandes entreprises, qui se font aux dépends des 99% de la population. La manifestation a été un succès, en attirant des milliers de personnes. Mais ce n’était rien à côté de celle qui devrait avoir lieu le 6 novembre. Lors d’une manifestation organisée par Occupy Wall Street la semaine dernière, Bill McKibben (qui a été pendant deux ans à la tête de l’organisation écologiste 350.org et qui maintenant fait partie du groupe TarSandAction, qui s’oppose au pipeline Keystone XL) a invité l’ensemble du mouvement à converger à Washington le 6 novembre prochain pour s’opposer à ce projet insoutenable des grandes entreprises pétrolières. C’est en effet autour de cette date que se terminent les consultations de l’administration Obama sur ce projet.
« We have to go to DC to find out where they have locked that guy up. We have to free Obama, because there is some sort of stunt double there now. So on November 6, I hope we can move, just for a day, Occupy Wall Street down to the White House and get them in the fight against corporate power, » a déclaré McKibben.
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