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Le samedi 23 avril 2022

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Pistes de solution pour un nécessaire virage énergétique mondial

Ce billet est tiré du site Impact : changements climatiques.

« Sans changements majeurs dans la façon dont nous produisons et utilisons l’énergie, nous serons confrontés à d’importants risques pour notre sécurité énergétique commune et pour l’avenir de l’environnement ». C’est ainsi que Nobuo Tanaka, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’est adressé aux ministres de l’Énergie de 22 économies importantes, réunis à Washington le 19 juillet 2010 dans le cadre d’une rencontre ministérielle sur l’énergie propre.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, créée en 1974 afin de promouvoir la sécurité énergétique et proposer des politiques énergétiques saines aux pays membres, si rien n’est fait (un scénario dit « business as usual »), les besoins énergétiques mondiaux devraient augmenter de plus de 80 % entre 2007 et 2050. La portion prépondérante venant des énergies fossiles, les émissions de CO₂ devraient doubler d’ici 2050, passant de 28 à 57 Gt de CO₂ émis par année. Aux dires de M. Tanaka, nous faisons fausse piste, « mais nous avons le pouvoir de corriger cela si nous agissons maintenant ».

Les trois volets d’une nouvelle politique énergétique

Une action concertée des gouvernements peut renverser la vapeur : selon l’AIE, plutôt que de doubler d’ici 2050, les émissions de CO₂ pourraient être coupées de moitié et ramenées à 14 Gt sur la même période. Ce scénario alternatif, appelé BLUE Map Scenario, permettrait de limiter la hausse globale des températures à 2° – 3°C à long terme.

Mais cela ne se fera pas tout seul. Pour y arriver, les gouvernements devront rapidement mettre en place une politique énergétique touchant à trois volets.

Premier volet : d’abord, améliorer l’efficacité énergétique

Améliorer l’efficacité énergétique, soit réduire la consommation d’énergie requise pour chaque appareil, chaque équipement et service rendu, constitue le premier volet des mesures à adopter. Non seulement cela pourrait représenter 38 % de la réduction des émissions de CO₂ en 2050, cela permettrait des épargnes en coût d’énergie pour les consommateurs qui se chiffrent en milliers de milliards de dollars selon l’AIE, sans avoir à sacrifier confort ou service obtenu, à l’exemple des réfrigérateurs d’aujourd’hui qui consomment deux tiers moins d’énergie qu’il y a trente ans tout en offrant un meilleur rendement (cliquez sur le graphique de droite).

La seule application à travers tous les États des meilleures pratiques actuelles en termes de réglementation et standards des équipements électriques servant à l’éclairage domestique, la réfrigération, les téléviseurs et les climatiseurs permettrait une réduction de consommation énergétique se traduisant par une baisse des émissions de CO₂ de plus de 900 Mt d’ici 2030, nous dit l’AIE.

Il faut de plus investir dans des projets d’efficacité énergétique afin de réduire le gaspillage d’énergie causé par une isolation déficiente et des installations inefficaces. Il faut revoir le code du bâtiment pour que toutes les nouvelles constructions soient plus écoénergétiques. Chaque année perdue voit la mise en chantier d’immeubles qui consomment inutilement trop d’énergie et ce, possiblement pour des générations à venir.

Deuxième volet: décarboniser la production d’électricité

Le deuxième volet de la politique énergétique à mettre en place par les gouvernements est essentiel à la réduction des émissions de CO₂ : il faut décarboniser le secteur de la production d’électricité.

Selon l’AIE, cela nécessitera des investissements très importants dans les énergies renouvelables, dans la capture et la séquestration de carbone ainsi que dans l’énergie nucléaire (un moindre mal compte tenu du défi gigantesque auquel nous sommes confrontés, selon l’agence). Rappelons que 68 % de l’électricité produite actuellement dans le monde est générée à partir d’énergie fossile (voir à ce sujet la section En vrac, des faits et des chiffres)

Aussi, la captation et le stockage de carbone constituent une technologie clé pour l’atteinte des objectifs de réductions d’émissions de CO₂ requis pour limiter la hausse des températures à 2° – 3°C et ainsi éviter un possible dérapage climatique. La captation et le stockage de carbone (CCS pour Carbon Capture & Storage selon l’acronyme utilisé dans les graphiques en anglais) ne constitue pas la solution idéale, ni une raison de continuer à brûler autant d’énergie fossile que nous le faisons aujourd’hui. Mais il faut être réaliste: même si nous multiplions la production d’énergie renouvelable par 10 ou 20 fois, nous demeurerons encore très largement dépendant d’énergie fossile pour la production d’électricité pour encore quelques générations. En réduire l’impact sur l’environnement demeurera un incontournable nécessaire pour probablement bien des années.

Les pays plus riches de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique comptant 32 pays membres parmi les plus développés) doivent jouer un rôle de leadership en lançant les projets au cours de la première décennie durant laquelle les coûts seront encore très élevés pour chaque tonne séquestrée. Car, comme avec toute nouvelle technologie, il faut prendre le temps de progresser sur la courbe d’apprentissage (rappelez-vous le rapport coût/performance des premiers ordinateurs personnels dans les années 80…). Mais il faudra que cette nouvelle technologie, améliorée au fil du temps, soit rapidement disponible pour les pays en développement et qu’elle puisse être financée car à terme, en 2050, 65 % des projets devront être réalisés à l’extérieur des pays de l’OCDE, soit là où la croissance des besoins énergétiques sera la plus forte.

Troisième volet, décarboniser le secteur des transports

Finalement, le troisième volet d’une politique énergétique pour le 21e siècle doit viser la décarbonisation du secteur du transport. Il s’agit d’un secteur où des actions significatives doivent être prises. Améliorer l’efficacité énergétique des véhicules automobiles et camions légers par l’adoption de normes plus sévères permettrait une réduction marquée des émissions de CO₂.

Cela est d’autant plus important que le nombre total de véhicules dans le monde va continuer d’augmenter avec le développement de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de l’ensemble des pays en développement.

Dans son allocution, M. Tanaka a souligné que des progrès réels ont été accomplis à cet égard. Avec les nouvelles normes annoncées, une économie de deux millions de barils de pétrole par jour pourrait être réalisée d’ici 2020. Mais il ne faut pas s’arrêter là. L’AIE supporte l’objectif d’une réduction de 50 % du carburant utilisé par kilomètre d’ici 2030.

Remarquons également que bien qu’elles constituent un pas en avant, les nouvelles normes nord-américaines annoncées en grandes pompes visent un niveau de consommation en 2016 bien supérieur à ce que les pays européens réalisaient déjà avec leur parc automobile en 2007 (voir sur le graphique suivant la ligne rosée au bas du graphique et intitulée EU). De plus, selon les normes visées pour 2016, les automobiles nord-américaines consommeront au delà de 25% de plus de carburant que les véhicules du marché européen. […]

Lire la suite et consultez les références sur Impact : changements climatiques

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