Nous avons parlé, hier, de la Grèce et du calvaire que va continuer à vivre le peuple grec. Voici, à titre de comparaison, où en est rendu l’Islande, dont la crise a éclaté un an avnt celle de la Grèce.
À l’aube du crash financier d’octobre 2008, les trois grandes banques actives sur le territoire islandais avaient des actifs évalués à plus de 1 000 % du PIB de l’Islande ! Après trois ans crise et de mesures économiques radicales prises par le nouveau gouvernement, l’économie islandaise a déjà recommencé à se relever, les actifs des banques sont redescendus à 200 % du PIB (et sont pleinement capitalisés) et le chômage a maintenant passé sous la barre des 7%. L’État islandais a maintenant une dette ‘raisonnable’ équivalent à 100 % du PIB et il est parvenu, avec succès, à émettre pour 1 milliard $ d’obligations sur les marchés internationaux.
Comment ont-ils faits ? Contrairement à la Grèce, ils étaient capables de déprécier la devise, ce qu’ils ont fait de façon radicale (le pouvoir d’achat des Islandais a chuté de 30%). Ils ont également laissé les banques faire faillite puis les ont nationalisés pour protéger les épargnes des Islandais. Selon Poul M. Thomsen, directeur adjoint pour l’Europe au FMI, les éléments qui expliquent le succès de l’Islande sont :
- Les pertes des banques n’ont pas été absorbées par le secteur public;
- Le pays est parvenu à stabiliser la devise, en utilisant des mesures non orthodoxes telles que le contrôle des capitaux;
- Les stabilisateurs automatiques (programmes sociaux) ont correctement fonctionné;
- Le pays est parvenu à reconstruire un secteur financier efficace (autrement dit, qui finance l’économie réelle).
Aujourd’hui, l’Islande peut se permettre de tourner la page en jugeant les responsables de ces événements. Mais il semble que le procès qui s’est récemment ouvert contre ceux-ci soit parti sur une mauvaise piste. Alors qu’une commission parlementaire avait proposé à l’origine d’inculper quatre personnes, un vote du Parlement aurait décidé de poursuivre un seul coupable, le premier ministre de l’époque, de la droite libérale, Geir Haarde. Une accusation qui le désigne potentiellement comme seul responsable de l’effondrement du système bancaire islandais, mais qui, de l’avis de plusieurs, ne permet pas de faire la lumière sur les diverses responsabilités du système.
Il faut en effet se rappeler, nous dit Gunther Capelle-Blancard, directeur-adjoint du Cepii (Centre d’études prospectives et d’informations internationales) et professeur à Paris-Sorbonne « que les mesures prises par l’Islande étaient applaudies partout à une époque où, mondialisation oblige, les pays européens cherchaient à se spécialiser dans la finance. » Pour lui « ce n’est pas une personne, ni même un gouvernement, mais une suite de politiques qui sont en cause ».
Selon certains, la majorité des Islandais est aujourd’hui plutôt hostile au procès fait à M. Haarde. Ils auraient probablement voulu non pas avoir un bouc émissaire pour venger la situation difficile qu’ils ont vécu, mais tout simplement mieux comprendre ce qui s’est passé pour éviter à tout jamais de revivre un pareil événement.
Je crois qu’on voit là, chez les Islandais, quelque chose comme un grand peuple.
J’ai lu que les Islandais étaient invités à écrire, en ligne, ce qu’ils espéraient comme nouvelle charte constitutionnelle. Ça c’est de la démocratie. Le supplice sera autrement plus dur pour les pays du PIGS, à commencer par la Grèce.
Il faut féliciter les Islandais de leur très grande résilience.