Les choses avancent rapidement dans le domaine du transport au Québec. D’abord, la mise en place de la nouvelle commission d’enquête va graduellement, dans la foulée de ses travaux, impliquer une diminution des coûts des travaux d’infrastructures en affaiblissant le réseau de corruption. Nous devrions aussi assister à un changement des pratiques du ministère des Transports (MTQ), dans le domaine de la sous-traitance, avec des conséquences positives sur les finances publiques. Alors que la masse salariale pour les 400 ingénieurs de l’État s’élève à 35 millions $, on dépense 360 millions $ en sous-traitance, avec tous les risques que ça comporte comme pratiques de collusion.
Mais les bonnes nouvelles sont aussi du côté des pratiques de transport des Québécois. Depuis le début des années 2000, le transfert modal de l’automobile solo vers le transport en commun est de plus en plus évident, partout au Québec, mais en particulier à Montréal. Plusieurs causes expliquent ces nouvelles tendances, dont celle des très nombreux travaux d’infrastructure (qui créent de plus en plus de congestion) n’est certainement pas des moindre. Une autre raison explicative est qu’il y a eu une amélioration sensible de l’offre de transport en commun. On peut certes s’en réjouir. Mais si le Québec veut réellement transformer les pratiques de transport de façon durable, par un transfert modal significatif, il faut vraiment changer de paradigme, il faut passer à un modèle de mobilité durable. Or, lorsque l’on examine les pratiques du MTQ (p.e. le projet de l’échangeur Turcot ou celui de la rue Notre-Dame), on doute que le gouvernement actuel ait adopté une nouvelle logique de transport, adaptée au XXIe siècle.
Heureusement, les organismes de la société civile sont aujourd’hui les porteurs de ce paradigme. La nouvelle coalition Transit, un regroupement de plus de 40 organismes (groupes écologistes, d’universitaires et d’une multitude d’organismes actifs dans la mise en valeur et la promotion des solutions de remplacement à l’automobile) qui militent en faveur d’un meilleur financement des transports collectifs, est à cet égard une avancée majeure pour faire bouger les choses, pour véritablement engager le Québec dans une « révolution » de la mobilité. Transit a récemment réussi le tour de force d’organiser une surprenante alliance avec la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) autour d’une revendication de moratoire sur le développement de nouvelles grandes infrastructures routières et de la réallocation des dépenses vers la consolidation et le développement des transports collectifs. Bien sûr, on comprend l’intérêt de cette organisation réactionnaire (la FCCQ), face à l’urgence dans laquelle se trouvent ses membres camionneurs, dont les coûts de fonctionnement explosent avec la multiplication de la congestion. L’Association du camionnage du Québec évalue que chaque heure perdue dans les embouteillages entraîne un coût de 65 $ à 85 $ par camion. On les comprend, donc, d’appuyer ceux qui arrivent avec des solutions pratiques. En ce sens, Transit représente le meilleur exemple d’une démarche de proposition d’un nouveau modèle qui prend un leadership politique.
« On ne voit pas, affirme la coalition, comment on continuerait de construire de nouvelles infrastructures routières alors que le gouvernement du Québec n’a déjà pas les moyens d’entretenir ses réseaux autoroutiers et de transports collectifs. On doit faire les bons choix et se donner les bonnes priorités », appelant à un virage vers une mobilité durable en doublant les prévisions de dépenses dans les transports collectifs.
L’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) a aussi fait plusieurs propositions en faveur d’une électrification des réseaux, permettant ainsi de développer des transports collectifs décarbonisés et de réduire leurs coûts de fonctionnement sur le long terme. En effet, des investissements massifs dans l’électrification des transports collectifs permettraient de découpler leurs coûts de fonctionnement avec la prochaine explosion des prix du pétrole.
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