Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.
Attaque de Couche-Tard contre Bâtirente et la CSN
Alimentation Couche-Tard aurait déposé une poursuite de 250 000 $ en Cour supérieure contre un syndicat de la CSN et un employé de Bâtirente. Couche-Tard reproche au syndicat et à François Meloche (de Bâtirente) de nuire à sa réputation, en ayant diffusé un courriel qualifié de diffamatoire à ses actionnaires. Non contente de violer les droits d’association de ses travailleurs, le pdg d’Alimentation Couche-Tard tente maintenant de s’attaquer à la liberté de parole ! (Raymond Malenfant, sort de ce corps…) Créée par la CSN pour offrir des outils d’épargne-retraite aux travailleurs membres de la centrale qui n’ont pas de caisse complémentaire de retraite, Bâtirente est parmi les pionnières de la finance responsable au Québec Avec plus de 400 groupes syndicaux ayant un régime de retraite Bâtirente, plus de 26 000 membres de la CSN en font partie. Au 31 décembre 2010, l’actif sous gestion de Bâtirente s’élevait à 843,3 millions $.
Le credit unions national association (CUNA, États-Unis) annonçait récemment que 650 000 personnes avaient retiré leurs argents des grandes banques pour les placer dans des credit unions depuis le 29 septembre dernier, date à laquelle la Bank of America annonçait un tarif mensuel de 5$ sur les comptes débit. C’est une augmentation importante puisque pour toute l’année 2010, les credit unions n’avaient eu au total que 600 000 nouveaux membres. Est-ce un début de réponse des 99% contre l’appétit rapace des 1% qui utilisent les actifs des grandes banques pour spéculer ? C’est en tout cas ce qu’espère le mouvement du Move your money, qui propose à la population d’investir dans Main Street (les credit unions, les community banks ou autres instituions financières communautaires) plutôt que dans Wall Street. Le CUNA estime qu’en quittant les grandes banques, les épargnants sauvent 70 $ en frais de toutes sortes !
Généraliser la finance responsable
Dans un court texte publié dans le magazine français Alternatives Economiques, Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic, lance un appel pour un changement d’échelle radical dans les pratiques financières, pour une généralisation des principes de la finance responsable. Devant les dérives du secteur financier pèsent un poids de plus en plus lourd sur l’économie réelle, où les épargnants voient fondre leurs placements et se perdent en conjecture sur l’usage que font banquiers et assureurs de leur épargne, le développement de la finance responsable pourrait contribuer à sortir de cette impasse, tant du point de vue des épargnants que de ceux qui, dans l’économie réelle. Les pratiques ont progressé en dix ans, nous dit Mme Husson-Traore : 156 fonds ont obtenu le label de Novethic en 2011. Mais il s’agit encore d’une goutte d’eau dans l’océan financier : ils représentent un peu moins de 30 milliards d’euros, soit 2% des encours des fonds français. Pour que la finance responsable change vraiment la donne, nous dit-elle, il faudrait qu’elle devienne rapidement la pratique dominante. Son espoir : que cette question nourrisse le débat sur les dérives du secteur financier lors de la prochaine élection présidentielle.
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