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Le samedi 23 avril 2022

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Inégalités : même l’OCDE s’en inquiète

Le mouvement Occupy Wall Street a attiré l’attention des médias avec un message clair : l’économie étatsunienne, dominée par les intérêts des entreprises et des riches, a généré une distribution économique de plus en plus inégale où le 1 pourcent des plus riches se porte exceptionnellement bien, mais où la grande majorité vit un drame social indigne de nos sociétés. Les faits leur donnent amplement raison.

Josh Bivens et Lawrence Mishel, du Economic Policy Institute, ont produit un document qui présente en 12 graphiques à quel point les récompenses économiques (de revenus, de salaires, de gains de capital, et de richesse) sont devenues biaisées aux États-Unis. Couvrant principalement la période 1979-2007, donc précédant la Grande Récession, leurs graphiques exposent les tendances pour le 1 pourcent le plus riche, les 9 pourcents suivants et pour les 90 pourcents les moins riches des ménages ou des salariés. Ces tendances sont absolument claires : la croissance des revenus au sommet de la distribution, le 1 pourcent le plus riche, a été vraiment impressionnante; les revenus des 10 pourcents les plus riches ont généralement suivi le taux de productivité de l’économie entière; mais les 90 pourcents les moins riches ne profitent pas des fruits potentiels de la croissance.

Mais c’est maintenant l’OCDE qui s’inquiète : « Le fossé qui sépare les riches des pauvres dans les pays de l’OCDE est au plus haut depuis plus de 30 ans, et les gouvernements doivent agir sans délai pour combattre les inégalités », souligne un nouveau rapport de l’organisme intitulé ‘Toujours plus d’inégalité : pourquoi les écarts de revenu se creusent’.

Lors du lancement du rapport à Paris, le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, a déclaré : « Le contrat social commence à se lézarder dans de nombreux pays. Cette étude balaie l’hypothèse qui voudrait que les bienfaits de la croissance économique se répercutent automatiquement sur les catégories défavorisées et qu’un surcroît d’inégalité stimule la mobilité sociale. Sans stratégie exhaustive de croissance solidaire, le creusement des inégalités se poursuivra ». C’est on ne peut plus clair, et intéressant de la part du dirigeant d’une organisation qui, si elle n’est pas directement responsable de cette situation, ne fait sûrement partie de celles qui, depuis trente, ont tenté de s’y opposer.

L’OCDE nous dit que les dispositifs fiscaux et de protection sociale « ont perdu de leur pouvoir redistributif depuis le milieu des années 90. C’est principalement du côté des prestations sociales qu’il faut en chercher la raison : leur baisse, le resserrement des critères d’octroi afin de contenir les dépenses de protection sociale, l’incapacité à aligner la croissance des revenus les plus faibles sur la tendance générale grâce aux transferts ont été autant de facteurs de dégradation des résultats obtenus. »

Cette situation n’a rien d’inéluctable rappelle M. Gurría. L’OCDE souligne la nécessité pour les gouvernements d’investir dans les personnes (améliorer la qualification des travailleurs) et de réviser leur fiscalité afin que les plus nantis assument une part équitable de la charge fiscale. Il faudrait, selon l’OCDE, relever les taux marginaux d’imposition des riches, mais aussi améliorer le respect des obligations fiscales, éliminer des abattements fiscaux et réévaluer le rôle de l’impôt vis-à-vis de toutes les formes de patrimoine. Enfin, les pays doivent fournir des services publics de qualité et gratuit à leur population.

L’étude produit des fiches plus détaillées pour quelques pays, dont le Canada. On y précise que le taux d’inégalité mesuré au Canada est supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE et que la fiscalité y joue moins son rôle redistributif que les autres pays. Par exemple, alors que dans les années 1990 la redistribution publique permettait de compenser 70% des inégalités de revenu du marché, aujourd’hui c’est moins de 40%. Conséquemment, le 1% le plus riche a vu sa part du revenu national passée de 8,1% en 1980 à 13,3% en 2007.

Toby Sanger nous donne dans un billet récent du blogue du Progressive Economics Forum, une illustration de la croissance des inégalités des dernières années au Canada : plus le mouvement s’affaibli, plus le pouvoir de nuisance des plus riches se renforce…

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