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Le samedi 23 avril 2022

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Résultats de la rencontre de Durban

La 17e conférence des Nations unies sur le climat s’est finalement achevée par un accord prévoyant d’établir d’ici à 2015 un pacte global de réduction des émissions de GES, qui entrerait en vigueur en 2020. Il concernerait, pour la première fois, tous les grands pays émetteurs mais ne serait pas juridiquement contraignant, contrairement à ce que demandaient les Européens. Les réactions à cet accord sont diverses, on s’entend.

Mais ce qui est certain, c’est la dénonciation du rôle ou de la volonté particulièrement sordide du gouvernement canadien de tout faire pour faire capoter les négociations internationales sur la lutte au climat depuis que les conservateurs sont au pouvoir à Ottawa. Non content de se sauver comme un voleur avec l’argent de la caisse, en se retirant du protocole de Kyoto sans remplir ses engagements, il a attendu à la dernière minute pour le faire, de manière à pourvoir user au maximum de son pouvoir de nuisance. Dans l’histoire des négociations sur le climat, ce pays apparaîtra comme le représentant direct des lobbys des énergies fossiles. Ce n’est pas pour rien qu’il a reçu, ces cinq dernières années, le prix Fossile de l’année.

Mais le Canada n’était pas le seul État voyou à agir en coulisse. Steven Guilbeault, coordonnateur général adjoint d’Équiterre, conclut sa participation à la 17e Conférence de la façon suivante : « Une entente historique était à notre portée à Durban, (pour en savoir plus sur cette entente, lire l’article de Louis-Gilles Francoeur) mais les efforts combinés des États-Unis, du Canada et du Japon ont miné les chances d’arriver à des résultats positifs. Nous quittons cette conférence avec une entente qui n’en fait pas assez pour nous éloigner d’une augmentation des températures de 4 degrés Celsius, une augmentation qui nous mènera vers des changements climatiques dangereux. »

Pour Attac-France, la conférence de Durban sera celle du grand renoncement. Elle s’achève sur un accord sans engagement, condamnant à une augmentation de la température globale de plus de 4°C, dont le véritable objectif n’est rien d’autre que de diluer les responsabilités à travers la négociation d’un nouveau mandat pour 2015, applicable seulement en 2020.

Le texte adopté à Durban se contente, en effet, de proposer la création d’un groupe de travail qui devra identifier « les solutions pour éliminer le fossé qui existe entre les promesses d’engagements de réduction d’émissions faites d’ici à 2020 et les efforts qu’il faudrait réaliser pour maintenir la hausse moyenne des températures en dessous de 2°C ». Autrement dit, d’ici 2020, l’Europe portera à bout de bras le renouvellement des engagements de Kyoto, avec quelques États (dont le Québec) où les populations exigent des actions volontaires de réduction. Pendant ce temps, les deux plus grands pollueurs, la Chine et les États-Unis, poursuivront sur une base totalement volontaire, c’est-à-dire selon la bonne volonté (!!!) de leurs dirigeants, leurs efforts de reconversion énergétique. Ces efforts ne doivent pas être minimisés. Mais sans un accord global contraignant de toutes les nations, la bonne volonté ne mène à rien.

Pour Steven Guilbeault, cette conférence aura aussi été l’occasion de la constitution d’un nouveau bloc de pays progressistes sur la question climatique, composé des pays de l’Union européenne et de l’Alliance des petits pays insulaires. Cette nouvelle coalition, nous dit de son côté Louis-Gilles Francoeur, pose un problème autant aux grands pays développés qui se traînent les pieds dans la lutte au climat qu’aux pays du ‘BASIC’ (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) qui voient soudainement un grand nombre de pays en voie de développement les considérer comme un bloc ayant des intérêts différents. L’importance de cette nouvelle coalition pourrait donc briser le duopole de Copenhague — États-Unis et Chine — au profit d’un nouveau leadership européen.

N’empêche, si on peut considérer comme un pas positif le fait que tous les participants aient accepté de se donner une nouvelle base de négociation pour une entente où tous les pays s’engageraient, en contrepartie le fait que cette ‘éventuelle’ entente n’entre en vigueur qu’en 2020 est extrêmement négatif. Chaque année de retard dans la mise en vigueur des mesures de lutte signifie un coût plus élevé, et par le fait même de plus grandes difficultés à faire accepter ces mesures. Même la conservatrice Agence internationale de l’énergie l’admettait l’an dernier : « Delaying action is a false economy: for every $1 of investment in cleaner technology that is avoided in the power sector before 2020, an additional $4.30 would need to be spent after 2020 to compensate for the increased emissions. » Avec les réductions de GES qui sont présentement sur la table pour les prochaines années, l’organisme Climate Action Tracker évalue que la température moyenne de la Terre sera de 3,1oC supérieur en 2100. Autrement dit : non seulement les générations futures devront payer plus cher pour réduire les GES, mais elles seront aux prises avec des changements climatiques qui, aux dires des scientifiques, seront irréversibles.

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