L’année 2012 sera riche en événements du côté de l’économie sociale et solidaire engagée dans une stratégie pour faire progresser la transition écologique de nos économies. On se souviendra qu’un important rendez-vous international lié à Rio+20 s’organisait à Montréal en octobre dernier. Il a réuni quelques 240 personnes au Centre Saint-Pierre à Montréal. Cet événement à l’initiative de la Caisse d’économie solidaire Desjardins, de Fondaction et du Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ), en collaboration avec de nombreux partenaires, notamment SOCODEVI, UPA-DI, le CQCM, Nature-Québec, la Fédération québécoise des coopératives forestières, la Coopérative fédérée (les agricoles) et bien d’autres, aura porté ses fruits. Même chose pour la 5e édition des Rencontres du Mont-Blanc qui s’est tenue en France, à Chamonix, à l’initiative du Forum international des dirigeants de l’économie sociale. Quelles sont les suites concrètes qui s’annoncent ? Retour sur ces deux événements avec l’année 2012 comme horizon. Sujet central depuis le début de cette démarche: face au défi de l’urgence écologique, l’ESS (coopératives, mutuelles, fonds de travailleurs et associations à vocation économique) est-elle pleinement de la partie ? Si oui quelle partition jouera-t-elle ? Comment portera-t-elle son projet jusqu’au Sommet de Rio en juin 2012 ?

Les suites du rendez-vous international du 17 octobre à Montréal

Le rendez-vous du 17 octobre dernier (pour un compte-rendu, cliquez ici) s’est terminé par une invitation : que chaque organisation présente fasse la discussion dans ses instances autour de 5 chantiers et de 20 propositions, lesquelles doivent être présentées aux chefs d’État dans le cadre du Sommet de la Terre à Rio en juin prochain. De quoi traite ses propositions ? Elles se veulent surtout des demandes sociopolitiques structurées autour de cinq grandes priorités : 1) la démocratisation de l’économie ; 2) le renouvellement de l’État par une cohabitation plus active de ce dernier avec ses territoires (régions et communautés) ; 3) une solidarité internationale Nord-Sud accrue pour faire face à la phase actuelle de la mondialisation ; 4) se mettre radicalement au vert et finalement 5) faire mouvement par de nouvelles formes d’action politique qui dépassent les traditionnels lobbys sectoriels de l’ESS auprès des pouvoirs publics. On y retrouve donc, pour n’en nommer que quelques-unes, des propositions en matière d’énergie-climat, en matière d’agriculture et d’aménagement durable des forêts, en matière d’éco-fiscalité pour favoriser le virage écologique en matière de transport, d’habitat, etc.

C’est le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) qui en a pris le premier le leadership en adoptant à l’unanimité à son Conseil d’administration de décembre dernier une résolution d’appui aux 5 priorités et aux 20 propositions tels que libellées dans le document suivant (disponible sur le site du GESQ). Cette position officielle rend donc possible que les Forums coopératifs régionaux initiés l’automne dernier mais qui se poursuivent en cours d’année 2012 reprennent à leur compte ce «plan d’action» qui est une plate-forme politique pouvant servir aux prochaines élections et faire de celle-ci un enjeu public. Ce qui permettrait ainsi de peser sur le programme réel que mettra en place le prochain gouvernement. Peu importe lequel se sera, sachant par ailleurs que certains partis risqueraient plus que d’autres de le mettre en application. De son côté la Caisse d’économie solidaire Desjardins qui tient son rendez-vous annuel en avril prochain tout comme le GESQ qui organise son université d’été à la même période ont annoncé qu’ils discuteront de cela dans leurs instances respectives.

Les suites de la 5e édition des Rencontres du Mont-Blanc (RMB)

Le Forum international des dirigeants de l’économie sociale initiateur des RMB vient d’adresser officiellement sa «Lettre aux 193 chefs d’Etat» qui seront, théoriquement du moins, tous présents au Sommet de Rio. La «Lettre aux chefs d’État» qui a pris un caractère officiel en ce début d’année 2012 découle en droite ligne de la 5e édition des Rencontres à Chamonix et des délibérations qui s’y sont tenues en ateliers. Cette lettre qui comprend elle aussi 5 grandes priorités et 20 propositions rejoint en tout point le «plan d’action» tel que présenté à Montréal le 17 octobre bien que sa formulation, son style et son ton diffère quelque peu (couleur québécoise oblige !). De son côté, le Sommet International des Coopératives qui aura lieu au Québec du 6 au 12 octobre 2012 et auquel les RMB apporteront leur participation pourrait vraisemblablement reprendre à son compte cette plate-forme.

Simultanément, dans les instances de ces différentes organisations, on discute d’un possible élargissement de la délégation de l’économie sociale et solidaire qui se rendrait à Rio, ce qui donnerait plus de poids à la lettre initiée par la 5e édition des RMB. La délégation serait à coup sûr composée du Forum international des dirigeants de l’économie sociale, interlocuteur officiel du Sommet de la Terre dans le cadre d’un des deux grands volets thématiques, celui de l’«Économie verte». Pourraient se joindre à l’organisation pilotant les RMB, des dirigeants de l’ACI, des dirigeants de grandes réalisations de l’ESS (comme ceux de Mondragon, ceux de Desjardins et d’autres en provenance d’expériences fortes du Sud) de même que des personnalités politiques qui ont derrière eux un itinéraire de chefs d’État ayant appuyer l’économie sociale et solidaire comme Ignacio Lula da Silva du Brésil et Michel Rocard de France, tous deux bons amis des RMB. C’est la Caisse d’économie solidaire Desjardins, par son président Gérald Larose, également membre de la direction des RMB, qui est l’artisan de ce projet de concert avec le coordonnateur général des RMB, Thierry Jeantet. À suivre !