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Le samedi 23 avril 2022

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La planète sera solidaire ou ne sera plus !

Le Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ), la Caisse d’économie solidaire Desjardins et Fondaction lançaient, en collaboration avec les Rencontres du Mont-Blanc, une invitation à un rendez-vous international le 17 octobre dernier au Centre Saint-Pierre à Montréal. Plus de 225 personnes ont répondu «présent!» à cette rencontre qui visait à mieux cerner la crise écologique actuelle et mieux camper les réponses des coopératives et des autres entreprises d’économie sociale à cet enjeu tout à la fois local et international. La rencontre visait aussi à créer des liens stratégiques pour entreprendre une démarche collective de préparation au 2e Sommet de la Terre qui se tiendra à Rio en juin 2012.

Le message qui ressort de cette rencontre a été clair : cette démarche devra prendre de l’ampleur avec les Rencontres du Mont-Blanc en novembre à Chamonix, puis lors de l’Université d’été 2012 du GESQ et finalement lors du Sommet international des coopératives dans un peu moins d’un an. Comment l’économie sociale et solidaire réinvente-t-elle une économie au service de la société ? « En prenant de front la crise écologique. Le développement durable est un incontournable du 21e siècle » de dire le président de la Caisse d’économie solidaire, Gérald Larose, à l’ouverture.

Côté contenu, la question écologique nous a semblé être en passe de devenir une question plus décisive, celle qui est en voie d’en structurer bien d’autres… C’est du moins ce qui ressortait bien des propos de la plupart des 20 panelistes et des échanges avec la salle. La surprise c’est qu’il s’agissait des dirigeants d’organisations qui ne sont pas à priori partie prenante du mouvement écologique, la plupart provenant du mouvement coopératif, du mouvement agricole, du mouvement syndical et des organisations de solidarité internationale. La rencontre du Centre Saint-Pierre aura donc eu cette première audace à son actif. À cet effet, le cahier spécial du Devoir du 15 octobre lié à cet événement fait un bon tour de jardin dans plusieurs des articles y figurant (disponible sur le site du GESQ).

La seconde audace aura été, dans un premier temps, de poser un diagnostic plutôt sévère mais assez juste à l’effet que l’ESS est sans doute, par ses différentes composantes, organisations et entreprises collectives, une force économique mais un éternel nain politique. L’ESS ne peut donc se limiter au seul lobby évoluant dans les coulisses du pouvoir, mais sur la place publique dans le cadre démocratique d’un débat ouvert. Le comité organisateur n’en est pas resté au constat et a mis sur la table un texte constitué de cinq grands chantiers et de 20 propositions. C’est en quelque sorte une plate-forme politique potentiellement commune (pudiquement appelé Plan d’action) disponible sur le site du GESQ en page d’accueil pour s’inscrire dans l’espace public lors des prochaines élections au Québec qui a été lancé ce jour-là. Les organisations présentes au Centre Saint-Pierre ont d’ailleurs été invitées à faire le débat dans leurs instances.

Chose certaine l’argumentaire figurant comme entrée en matière du programme de la journée est catégorique : Ce qu’on appelle l’économie ne peut se réduire à une économie de type capitaliste, dont la règle principale reste calée sur la rémunération maximale des capitaux investis au profit exclusif des actionnaires. Bref l’ÉSS est ou n’est pas partie prenante de la construction d’une alternative à l’économie capitaliste. La condition est cependant de ne pas sous-estimer son rôle politique et l’impact de son projet et de son influence sur les autres composantes de la planète économique (entreprises publiques ou entreprises du secteur marchand) d’affirmer le document. Sans faire tomber de son cheval, pour autant, « le cavalier fou du capitalisme financier », le comité organisateur avance qu’il est possible pour l’ESS d’infléchir l’économie dans la perspective d’un développement économique viable, socialement équitable et écologiquement durable.

Le constat est lucide : Les initiatives de l’ESS peuvent être un levier pour sortir de la crise actuelle, mais elles ne peuvent le faire seules. Elles le peuvent mais avec d’autres mouvements. Et elles se doivent d’intervenir à toutes les échelles d’intervention (du local à l’international) de dire René Lachapelle, le président du GESQ. Déjà la conférence internationale de Lévis en 2010 avait permis d’ouvrir cet horizon de me dire une dirigeante du Conseil de la coopération (CQCM) à la pause-café.

La trame de fond des discussions de ces réseaux prend donc de plus en plus les allures d’une remise en question globale : d’abord s’interroger sur la nature de la crise (ce qui a changé depuis le premier Sommet de la Terre en 1992); ensuite considérer que les coopératives et toute l’économie solidaire sont potentiellement une force de proposition et d’interpellation à l’échelle planétaire. Puis dégager un certain nombre de pistes de sortie de crise. Autrement dit trouver comment dépasser le modèle économique dominant. Enfin ouvrir de nouvelles formes d’action politique autour de grands chantiers et de propositions offrant la possibilité réelle (et non fantasmée) de changer de modèle à l’heure de RIO+20.

Parmi les propositions présentées dans le document intitulé Plan d’action fourni à tous les participants, on peut retenir quelques propositions centrales : 1) démocratiser et territorialiser l’économie c’est-à-dire reprendre le contrôle de biens considérés comme communs tels l’eau, la terre, les ressources naturelles et tout l’écosystème ; faire en sorte que les pouvoirs publics garantissent le caractère pluriel de l’économie, en encourageant le développement d’un vaste secteur non capitaliste d’entreprises et en s’engageant dans le soutien au développement durable et solidaire des communautés ; 2) affronter la crise énergétique et le réchauffement climatique. Le document fait état de milliers d’initiatives qui ont innové dans de multiples secteurs : dans l’habitat (efficacité énergétique) ; dans le transport (collectif, rural) ; dans l’agriculture (agriculture biologique et de territoire) ; dans la forêt (biomasse, reforestation…) ; dans la consommation (consommation responsable, réemploi, recyclage, commerce équitable…). Le tout mis en perspective : l’urgence écologique impose un grand virage vers les énergies renouvelables (l’éolien, le solaire, la biomasse, le géothermique, etc.). Au Québec on y est déjà à 50% (38% en hydroélectricité, 12% en biomasse). On peut faire nettement mieux quand on regarde ce que fait la Suède à cet égard.

Trois autres grands chantiers sont mis de l’avant : la conversion écologique de l’économie des forêts et celle des terres agricoles ; le renouvellement de l’État social davantage inscrit dans une cohabitation active avec les communautés ; le renforcement d’un mouvement citoyen international et de la coopération Nord-Sud. Le document conclue que tout cela est possible pourvu que notre action politique se renouvelle et que nous fassions place à une nette volonté de faire mouvement avec les autres forces vives de la société civile.

Au plan de l’action politique internationale, une délégation de la Caisse d’économie solidaire, de Fondaction, du GESQ, du mouvement coopératif (Desjardins, CQCM, Développement international Desjardins) et du mouvement agricole (UPA-DI) se prépare à participer aux Rencontres du Mont-Blanc à Chamonix des 9 au 12 novembre prochain. Visée: une participation québécoise active au sein de ce nouveau Forum international qui présentera aux chefs d’État du monde, au 2e Sommet de la Terre à Rio en juin 2012, une plate-forme politique de propositions s’adressant aux institutions internationales (programme des RMB sur leur site).

Dossier à suivre.

Discussion

3 commentaires pour “La planète sera solidaire ou ne sera plus !”

  1. [...] rendez-vous du 17 octobre dernier (pour un compte-rendu, cliquez ici) s’est terminé par une invitation : que chaque organisation présente fasse la discussion dans [...]

    Écrit par Oikos Blogue | Le Québec et les Rencontres du Mont-Blanc : du nouveau en 2012 | janvier 10, 2012, 6 h 12 min
  2. [...] de participants du Québec! La trame de fond des discussions de cette 5e édition rejoignait bien la rencontre québécoise du 17 octobre : 1) une remise en question globale interrogeant la nature de la crise (ce qui a changé depuis le [...]

    Écrit par Oikos Blogue | Capitalisme vert ou économie verte et solidaire ? | février 22, 2012, 6 h 12 min
  3. [...] l’origine du rendez-vous du 17 octobre dernier à Montréal dont nous avons déjà rendu compte. Elles étaient aussi très présentes à Chamonix aux Rencontres du Mont-Blanc. L’orientation qui a pris forme : « la planète n’y arrivera pas [...]

    Écrit par Oikos Blogue | La transition écologique de l’économie : un rendez-vous à ne pas manquer | avril 11, 2012, 6 h 11 min

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