Les banques canadiennes, toutes protégées qu’elles sont par un protectionnisme qu’elle juge par ailleurs déplacé pour les autres secteurs d’activité économique, s’en sortent assez bien malgré les soubresauts de l’économie mondiale. Mais non seulement sont-elles protégées de la concurrence internationale, les cinq plus grandes d’entre elles forment en outre un oligopole qui leur permet de s’assurer, peut importe la situation économique mondiale, de bénéfices alléchants, année après année. L’année 2011 n’aura pas déçue leurs dirigeants et actionnaires. Allons-y dans l’ordre de publication.
La Banque TD a ouvert la saison des résultats financiers bancaires en annonçant un bénéfice record au cours de son dernier exercice, terminé le 31 octobre, à 5,89 milliards $, en hausse de 26 % sur l’année précédente. « Nos activités de détail en Amérique du Nord ont démontré encore une fois que nous sommes capables de croître quel que soit le contexte macroéconomique », a souligné Ed Clark, le président et chef de la direction du Groupe Banque TD, qui se dit également persuadé de dégager une croissance en 2012. On vous croît…
Deuxième banque à dévoilé ses résultats financiers, la CIBC a quant à elle atteint la barre des 3,1 milliards $, en hausse de 24 % sur l’exercice de 2010. Le président et chef de la direction, Gerry McCaughey, a souligné que ces « résultats financiers rendent compte du principe de base et de la direction stratégique de la Banque CIBC d’être une banque à faible risque pour la création de valeur pour les actionnaires et d’obtenir un rendement constant et durable à long terme ». Protégées des cycles économiques comme elles le sont, nous n’avons aucune difficulté à le croire ! Le rendement sur fonds propres de la banque s’est chiffré à 21,3 %.
La Banque Scotia (T.BNS), troisième du secteur au Canada, a annoncé des résultats records pour l’exercice 2011 à 5,3 milliards $, en hausse de 21% par rapport à l’exercice précédent. La Scotia a mis en avant son retour élevé sur capitaux propres (18,8%), ses nouvelles acquisitions (dont la prise de participation de 19,99% des parts dans la Bank of Guangzhou pour environ 725 millions $), la croissance des actifs productifs et la titrisation des revenus.
La Banque Royale du Canada, la plus grosse parmi les cinq sœurs canadiennes (avec 77 000 employés et 18 millions de clients), affiche un bénéfice net de 6,7 milliard $ pour 2011, 16 %, de plus que l’exercice précédent. La banque souligne que cette croissance des profits tient aux résultats records enregistrés dans les secteurs des services bancaires canadiens, de la gestion de patrimoine et des assurances, ainsi qu’à la croissance des services à la grande entreprise et de banque d’investissement. La BRC négocie présentement avec le gouvernement du Luxembourg l’acquisition de la totalité de Dexia-Luxembourg, présentement détenue en parts égales par la Royale et par Dexia.
Finalement, la dernière des cinq sœurs, la Banque de Montréal, qui n’a de montréalais que le nom, a dévoilé des résultats financiers (bénéfices nets) de 3,88 milliards $ en 2011, contre 3,23 milliards $ un an plus tôt, soit une augmentation de 20%. Le président et chef de la direction de BMO Groupe financier, Bill Downe, a attribué l’amélioration des résultats à l’acquisition en juillet, au coût de 4,4 milliards $, de la société Marshall & Ilsley.
Au total, les cinq plus importantes banques du Canada ont enregistré des bénéfices nets records totalisant 6,1 milliards $ au seul quatrième trimestre, et des profits globaux de 24 milliards $ pour l’ensemble de l’année, une hausse de 15% sur 2010. On peut gager que 2012 sera encore mieux : avec la baisse du taux d’imposition des entreprises de 16,5 à 15%, les banques vont empocher à elles seules 500 millions de profits supplémentaires !
Les banques canadiennes s’accaparent près de 10% des bénéfices des entreprises canadiennes alors qu’elles représentent moins de 3% des emplois. C’est possible parce qu’elles jouissent d’un protectionnisme et d’un pouvoir oligopolistique. Elles ont été moins frappées par la crise de 2008 parce qu’elles étaient moins présentes dans la spéculation financière internationale, assurées qu’elles sont de profits alléchants au Canada. Mais on constate qu’elles semblent profiter de la déconfiture de la finance ailleurs pour y prendre une place plus grande. Est-ce la raison pour laquelle le ministre Flaherty veut avoir plus de pouvoir dans ce domaine ? Pour protéger les banques canadiennes de la faillite de leurs investissements étrangers ?
[...] durant la même période de l’année précédente. Il n’y là rien de surprenant puisque, comme nous le disions dans un billet précédent, l’influence de cet oligopole sur le pouvoir politique fédéral leur permet de s’assurer, peut [...]