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Le samedi 23 avril 2022

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Le cas Goldman Sachs

L’image de la « pieuvre » est souvent utilisée pour illustrer l’organisation mafieuse. Pourtant, cette image s’applique aussi tellement bien à ce que la firme Goldman Sachs est en train de développer au niveau international. Il y a tout lieu de s’inquiéter de cette manière que prend cette entreprise pour s’inviter aux plus hauts niveaux de décisions de la gouvernance des pays et des organisations internationales sans aucune légitimité démocratique.

Lorsque l’on voit Mario Draghi, Mario Monti et Lucas Papadémos (pour ne nommer que les plus connus), soit respectivement le nouveau président de la Banque centrale européenne, le président désigné du conseil italien et le nouveau premier ministre grec, liés à des degrés divers à la banque d’affaires étatsunienne, on peut se demander s’il n’existe pas un réseau d’influence, souterrain, qui court-circuite la légitimité démocratique de ces pays. Cette situation est d’autant plus dramatique étant donné le poids de ces pays et organisation sur la conjoncture économique actuelle.

Mario Draghi, vice-président de Goldman Sachs pour l’Europe entre 2002 et 2005, était chargé des “entreprises et pays souverains”. A ce titre, l’une de ses missions était de vendre le produit financier “swap” permettant de dissimuler une partie de la dette souveraine, qui a permis de maquiller les comptes grecs pendant que la droite était au pouvoir. Lucas Papadémos, qui fut gouverneur de la Banque centrale hellénique entre 1994 et 2002, a lui aussi participé, à ce titre, à l’opération de trucage des comptes perpétré par Goldman Sachs. Le gestionnaire actuel de la dette grecque est d’ailleurs un certain Petros Christodoulos, un ex-trader de Goldman Sachs.

Le réseau européen de la pieuvre Goldmanienne est large. Je vous conseille de jeter un coup d’œil au billet hyperlié plus haut pour en savoir davantage. Mais son influence au sein de l’administration des États-Unis est encore plus évidente. Sous l’administration Bush, les hommes de Goldman Sachs ont massivement infiltré le gouvernement. Mais la banque d’affaires joue sur tous les tableaux. Elle a aussi soutenu Barack Obama en versant de généreuses contributions à sa campagne électorale de 2008. Résultat : on retrouve, en moins grand nombre mais toujours présents, beaucoup d’anciens de Goldman Sachs dans l’administration Obama, que ce soit à la Réserve fédérale, à la Maison Blanche ou au Trésor.

Selon Marc Roche, correspondant du journal ‘Le Monde’ à Londres et auteur de La banque, comment Goldman Sachs dirige le monde, aux éditions Albin Michel, les deux principaux appuis de Goldman Sachs à Washington, Timothy Geitner, le secrétaire au Trésor, et Larry Summers, le chef des conseillers économiques de la Maison Blanche, auraient été éclipsés par le retour d’un homme qui avait été marginalisé jusque-là : Paul Volcker, partisan d’une plus forte régulation, hostile à Wall Street quand il était à la tête de la Réserve fédérale dans les années 1980. Mais on peut se demander si la réforme de la régulation de la finance qu’il a fait voter par le Congrès a véritablement changé quelque chose. Les hommes de Goldman Sachs n’ont-ils pas finalement réduit cette réforme à un changement tout à fait cosmétique (comme je le soulignais déjà en 2010 dans un billet) ?

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