Dans un article précédent, nous avons vu que le gouvernement conservateur est en train d’endetter le pays à une vitesse qu’on a rarement vu dans l’histoire en temps de paix. Qui devra payer la note ? D’abord et avant tout ceux qui sont responsables de l’explosion des dépenses publiques : les spéculateurs qui ont pris des risques indus; ensuite ceux qui ont profité de la bulle spéculative avant la crise ou de la politique monétaire après la crise : les pétrolières et les institutions financières ; finalement, tout ceux qui ont été favorisés ces dernières décennies par les politiques fiscales de droite : les ménages riches.
Des élections s’en viennent. Ça devrait être l’occasion de ramener plus de justice sociale dans le système fiscal en lui redonnant un caractère progressif plus important. Récemment, un groupe d’expert conduit par les économistes Joseph Stiglitz et Jean-Paul Fitoussi (The Shadow Gn) ont proposé aux pays membres du G20, qui doivent se rencontrer les 24 et 25 septembre à Pittsburgh, un ensemble de mesures pour sortir de la crise et construire un monde plus soutenable, équitable et avec davantage de cohésion sociale. La première série de recommandation touche justement la politique fiscale, mais plus largement propose une nouvelle régulation mondiale qui redonne aux États les capacités d’agir à ce niveau en éliminant les échappatoires créés par la mondialisation financière (paradis fiscaux, pratiques de dumping fiscal).
« I – Proposed Recommendations to deal with the structural causes of the crisis. »
To reverse the trend in distribution, and hence to contribute to sustaining aggregate demand in the medium-to-long term, it is proposed as follows.
1. To increase the progressivity of the tax system, in particular for high and very high incomes. This should happen in a coordinated way to avoid excessive movement of highly-skilled workers.
2. Fight against tax heavens – in distinguishing between low tax cooperative jurisdictions and others – and, in general, increase the resources devoted to fighting tax evasion and lack of information sharing.
3. Introduce some sort of cooperation among countries to avoid tax competition, wage deflation and social dumping, the modern versions of beggar-thy-neighbour policies which were common in the 1930s
Pour compléter ces recommandations, je vous réfère à un article d’un économiste du Progressive Economics Forum qui signalait que The Wall Street Journal (WSJ) avait fait lui aussi une recommandation originale qui s’appliquerait parfaitement au système financier canadien. Selon le WSJ, les très grandes institutions financières aux États-Unis sont trop grosses pour que le gouvernement les laisse faire faillite (Too Big to Fail, TBTF). Ces institutions profitent donc d’une position extrêmement privilégiée de “garantie implicite” du gouvernement qui leur permet de prendre des risques plus élevés, et par le fait même de rendement au-dessus de la moyenne (qui leur permet, entre autre, de donner à leurs dirigeants des bonus démesurés). Par conséquent, le WSJ suggère que ces institutions TBTF devraient faire l’objet d’une taxe spéciale de manière à ce que l’État récupère l’avantage indu de ces institutions.
Or, le système financier canadien a ceci de particulier qu’il est bâti sur un oligopole de cinq grandes institutions financières TBTF. On l’a vu à l’occasion de la crise financière de l’an dernier, et des profits gargantuesques qu’elles ont engrangés grâce aux facilités monétaires de la Banque du Canada, les banques canadiennes profitent d’une situation privilégiée, et elles en abusent. Une taxe spéciale de 50 % permettrait d’aller cherche une dizaine de milliards $. C’est un bon début pour combler les déficits.
[...] un article daté du 10 septembre, on mentionnait les propositions faites par une trentaine d’experts de tout horizon conduits par [...]