La récession frappe de plein fouet les coffres du gouvernement fédéral, Ottawa affichant déjà un déficit de 12,5 milliards après le premier trimestre de l’exercice en cours. Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, anticipe maintenant un déficit de 50,2 milliards pour l’exercice. Le ministère des Finances a indiqué dans une note que le déficit actuel respecte ses prévisions. Le gouvernement Harper s’attend dorénavant à ce que le Canada connaisse un déficit budgétaire au cours des quatre prochaines années, ajoutant plus de 100 milliards à la dette du pays. Mais les analystes, dont Kevin Page, directeur parlementaire du budget, il faut plutôt parler de plus de 172 milliards $.
D’une certaine façon, les Conservateurs doivent jubiler : s’ils peuvent rester assez longtemps au pouvoir, ils auront tout le loisir de couper drastiquement dans les dépenses publiques. C’est d’ailleurs ce que recommande ouvertement l’économiste principal à la Banque TD M. Drummond. Selon lui, il faudrait limiter l’augmentation des dépenses publiques à 2 pour cent par année, une fois les mesures de relance de l’économie épuisées, pour éliminer le déficit dans un délai raisonnable. N’importe quoi ! Pour les partisans de la droite, la seule chose qui compte, c’est de profiter du contexte pour affaiblir l’État.
La droite canadienne, socialement conservatrice mais économiquement ultralibérale, est totalement inconsciente de la situation à laquelle nous a mené l’idéologie du laissez faire. Heureusement on trouve ailleurs des économistes et des financiers qui ne sont pas aveuglés au point de succomber encore une fois aux promesses ultralibérales. Dans un article publié mardi par le Fonds monétaire internationale, Olivier Blanchard, économiste en chef du Fonds, explique que le potentiel de croissance mondiale pourrait être inférieur à son niveau d’avant la crise financière. « La reprise économique mondiale a commencé mais il faudra, pour la conforter, que les États-Unis recentrent leur économie sur les exportations et que l’Asie augmente ses importations », estime Olivier Blanchard.
Selon lui, dans la quasi-totalité des pays, la crise a alourdi le fardeau budgétaire de l’État, rendant inévitable une augmentation de la fiscalité. L’économiste du FMI est conscient qu’après deux décennies de la folie de la finance spéculative, l’État doit rejouer un rôle crucial dans la reconstruction d’une économie mondiale qui a aussi à affronter d’autres enjeux majeurs dans les domaines sociaux et environnementaux. Par exemple, il estime que pour que la demande intérieure chinoise augmente, il faudra que les autorités fournissent à la population un système de protection sociale et augmente l’accès des particuliers au crédit. Il ajoute que la croissance mondiale ne suffira pas à court terme à réduire le chômage et que celui-ci n’atteindra son niveau maximal que dans le courant de l’année prochaine.
Même virage aux États-Unis. Le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, a affirmé il y a quelques jours qu’il ne pouvait pas garantir que les Américains ne paieraient pas plus d’impôts afin de juguler le déficit budgétaire. « Si nous voulons une économie qui connaisse la croissance dans le futur, les gens doivent comprendre qu’il faut réduire les déficits », a précisé M. Geithner.
[...] un article précédent, nous avons vu que le gouvernement conservateur est en train d’endetter le pays à une vitesse [...]