Le candidat socialiste, dont nous avons brièvement présenté le programme sur OikosBlogue, vient d’ajouter une nouvelle promesse à l’électorat français : d’instaurer une nouvelle tranche d’imposition pour les très hauts revenus, d’au-delà de 1 million d’euros. Il était déjà prévu dans le programme de François Hollande d’ajouter une nouvelle tranche d’impôts de 45% pour les revenus supérieurs à 150 000 euros. Le saut est important.
On comprend aisément que les privilégiés ont rué dans les brancards avec cette annonce. Les grandes fortunes françaises se seraient dites contrariées non pas tant par la nouvelle tranche en soi mais par « l’instabilité de la législation fiscale » ! Yves Gambart de Lignières, gestionnaire de patrimoine, déclare : « Le problème de la France, c’est l’instabilité des dispositifs fiscaux, on change tout le temps les règles du jeu. La réforme de François Hollande est symbolique, pas à la hauteur des enjeux. »
Symbolique peut-être, mais néanmoins indispensable nous dit Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives Economiques interviewé par le Journal du Dimanche (JDD). « Cette mesure ne rapportera que des clopinettes et c’est très bien. L’objectif, c’est justement d’orienter les comportements des acteurs pour décourager ceux qui cherchent à gagner plus de 1 million d’euros par an. ». C’est un symbole qui aura une réelle efficacité parce qu’il aura un impact sur les inégalités. Moins de 1 % de la population française serait affectée par la mesure. Mais il est probable qu’elle aura un impact politique majeur en Europe. « Quasiment aucun gouvernement démocratique ne pourra prendre le risque vis-à-vis de son peuple, qui n’est pas composé que de milliardaires, de dire ‘Je refuse d’imposer les très hauts revenus parce que ça va être un moyen d’attirer chez moi les très riches Français’. »
Or, il semble que l’impact a déjà commencé à se manifesté : à en croire le magazine allemand Der Spiegel, la chancelière allemande Angela Merkel et ses homologues conservateurs italien, espagnol et britannique se sont entendus pour boycotter le candidat socialiste. D’après l’hebdomadaire, les dirigeants conservateurs sont scandalisés par la volonté du candidat socialiste de renégocier le pacte fiscal, une pièce centrale du sauvetage de la zone euro. Gageons que la droite française et européenne, qui est en train de mener l’Europe à la catastrophe sociale au nom de la rigueur, vont tout faire pour éviter qu’un discours alternatif s’impose sur la scène politique européenne. Or, au même moment on apprenait (en fin de semaine dernière) que, depuis la première fois depuis son indépendance en 1993 (suite à une séparation à l’amiable avec l’ex-Tchécoslovaquie), la Slovaquie s’est retrouvée avec un parti social-démocrate (Smer SD) majoritaire au pouvoir, obtenant 83 des 150 sièges. Selon les médias, le Smer-SD a gagné des points en prônant de nouveaux impôts pour les riches. Le nouveau premier ministre souhaite notamment supprimer la « flat tax » (taxe unique) de 19 % appréciée des milieux d’affaires, pour le remplacer par un système progressif.
Quoiqu’il en soit, les 22 avril et 6 mai ce sont les Français qui vont aller voter pour la présidence. Or, selon un sondage paru dans Libération, six Français sur dix se déclarent favorables à la proposition de François Hollande. Selon le sondage TNS-Sofres, 61% s’y disent favorables (dont 36% tout à fait favorables), contre 29% opposés (dont 16% tout à fait opposés). Cette mesure remporte à la fois l’assentiment majoritaire des catégories populaires comme celui des catégories supérieures, même si les cadres sont un peu moins emballés (49% d’approbation contre 41%). Vive la France !
Discussion
Pas de commentaire pour “Présidence française : Hollande propose une imposition de 75% pour les revenus de plus d’un million”